Souleymane vient de Guinée après un parcours "classique" de migrant. IL passe devant la commission de l'OFPRA pour obtenir le statut de réfugié d'ici 48 heures. En attendant, on le suit: sur son vélo grâce auquel il bosse dure comme livreur de bouffe via un compte qu'il loue puisqu'il ne peut pas travailler. En parrallèle, il est drivé par un autre guinéen qui vend à ses compatriotes des récits d'opposants politiques à raconter à l'OFPRA,
Magnifique plongée documentaire dans le monde des livreurs à vélo, ces néo esclaves qui livrent pour des startup sans scrupules, les blancs de la bourgeoisie et de la classe moyenne qui ont trop la flemme de descendre jusqu'au kébab ou au sushi en bas de chez eux.
On découvre grâce au film les coulisses de Uber Eat et consorts: Le bizness des loueurs de compte, la froideur de l'entreprise qui ne les emploie pas vraiment et la circulation dans Paris, la nuit, sous la pluie. Les tournages ont été sauvages et ça se sent: on est vraiment avec Souleymane en vélo, c'est hyper réussit.
Très réussie aussi la condition de migrant SDF sans papiers logé au 115 en banlieue, et la description du bizness partout: pour louer un compte, acheter une histoire etc...
On regrettera quelque chose de trop léger politiquement sur les conditions d'obtention de papier. On a l'impression que Souleymane triche avec le récit d'opposant politique prêt à raconter mais on ne comprend pas pourquoi il est obligé de passer par là: rien sur la difficulté à se faire régulariser, la politique raciste des états européens de fermeture de frontière, des centres de rétentions, et des expulsions.
A part ça, c'est un sans faute. Abou Sangare, comédien novice qui connait vraiment cette vie est parfait (d'ailleurs il n'a toujours pas été régularisé dans la vraie vie), le featuring de Nina Meurisse est bienvenu et encore une fois la réalité de la rue parisienne et vraiment bien filmée.