Sans crier gare, nous voilà plongés dans le quotidien de Souleymane, un jeune homme Guinéen arrivé à Paris et résolu à obtenir des papiers de séjour. Le quotidien de ce livreur en situation irrégulière consiste à enchaîner des courses, qui lui permettent à peine de quoi survivre. Il n'a qu'un objectif: réussir son entretien avec l'OFPRA, l'Office français de protection des réfugiés et apatrides, qui décidera de son sort.
Filmé avec tension, le film retrace les nombreux moments de violence - physique, morale et systémique - que doit affronter Souleymane, pris dans un cercle vicieux qui le plonge dans l'illégalité, le met en compétition avec d'autres sans papiers et à la merci de profiteurs. Le film présente aussi de rares moments de bienveillance et de solidarité, qui sont quelques respirations dans l'enchaînement insoutenable du film- quand on lui donne un bonbon pendant sa livraison ou quand il retrouve son voisin de lit dans l'hébergement d'urgence. De brefs échanges avec les personnes qu'il a laissées en Guinée (sa copine et sa mère) suffisent à percer l'intimité de Souleymane et son histoire, banale mais pourtant d'une portée universelle. L'urgence constitue son quotidien, qui rythme ses journées et ses nuits: les allers retours dans Paris, le bus pour rejoindre l'hébergement d'urgence avant de téléphoner à l'aurore pour sécuriser une place le soir. Une routine oppressante, une course contre un système délirant qui tient ultimement à un entretien.
Le film construit bien le fil narratif autour de cet entretien, via le titre du film et la nature du film, qui est un flashback dans les journées ayant précédé ce grand oral.