Je voulais prendre le temps de le voir car je savais pertinemment bien que j'allais en prendre une;
Outre l'écho intérieur violent qu'il a produit en moi pour diverses raisons, ce film est un pur crève-cœur, et la fin en apothéose a pour une fois su combler mes attentes ; C'est le point culminant du film, d'ailleurs; indispensable; l'acteur principal Abou Sangara est juste magique du début à la fin; je n'ai jamais décroché de son regard, magnifiquement capté par le réalisateur; pour sûr, on va le revoir, ce garçon; Déjà il en impose avec son allure de mannequin, son regard intense, mais c'est surtout sa sensibilité à fleur de peau qui fait mouche ici; à mon humble avis; merci encore une fois aussi à la réa bien accrocheuse d'un gars toujours aussi inspiré dans ses films, et s'entourant à chaque fois de merveilleux acteurs comme ce fut déjà le cas avec Hope son premier long, puis avec Camille; traitant toujours la condition humaine avec force et justesse, sans jamais tomber dans l'excès ou le pathos, aimant s'expatrier et revenir avec des messages forts, sans distanciation; au cœur à chaque fois; et sans un gros budget;
Ce film fait forcément échos à celui avec Laure Calamy " A plein Temps" là ; Même tempo, même lieu(x) mêmes urgences; même force;
La puissance de la scène finale entre Abou et la maintenant habituée Nina Meurisse, tout petit rôle ici ( à la différence de "Camille", dernier film de Boris Lojkine ) mais ô combien nécessaire dans cette proposition, force le respect et une certaine admiration; il y a une puissance dramatique rare à condition de rentrer dès le départ; auquel cas on suivra sans discontinuer en mode immersif ces instants de vie, celle de Souleymane, immigré Guinéen fraîchement arrivé en France après un long périple tortueux en quête de papier valdinguant en mode coursier à vélo, puis en RER, en Bus; Paris; sa banlieue, avec toujours cette urgence; urgence financière, sociale, sanitaire, amoureuse, jonglant à la hâte de centre en centre, c'est ça, la France, c'est ça, la France; Un rêve au départ; puis la réalité derrière; mais ailleurs, c'est comment ? Mieux ? Pas vraiment;
C'est dur; c'est poignant; c'est vrai; et intensément juste;
Merci;