Buenos Aires en 1985. Alicia Marnet est professeur d'histoire. Avec son mari, homme d'affaires en mailles avec le pouvoir, le couple élève une petite fille Gaby qu'ils ont adoptée. La dictature militaire est proche de sa fin, la guerre des Malouines est terminée mais les grands mères défilent toujours place de mai pour qu'on leur dise la vérité sur leurs disparus. Certains élèves d'Alicia sont rétifs à l'histoire officielle qui est du coté de ceux qui "tiennent le manche".
Tout vacille pour Alicia lorsqu'elle découvre que Gaby serait peut être une enfant volée.
L'Histoire officielle (La Historia oficial), sorti en 1985, est un film argentin écrit par Aída Bortnik et réalisé par Luis Puenzo.
L'histoire officielle présente la grande qualité de revenir sur une des dernières pages dramatiques de l'histoire de l'Argentine, un pays qui a connu de nombreuses crises et beaucoup de violences depuis son indépendance récente en 1810. Pour ce faire, il raconte comment une femme bourgeoise et bien établie découvre que sa petite fille adoptée a en fait été volée à ses parents, 2 opposants politiques qui ont disparu.
Le réalisateur tisse assez habilement les fils de son intrigue jusqu'au dénouement final. Le film montre notamment très bien comment l'Argentine fut longtemps coupée en 2, partisans des militaires de l'extrême droite contre pro communistes, ces derniers faisant les frais de l'arrivée au pouvoir de la junte militaire. Derrière les apparences d'un pays réconcilié, les hommes et les femmes, tous issus de l'histoire d'un pays en guerre qui gérait les opposants avec violence, s'affrontent dans leurs échanges quotidiens, montrant combien la plaie n'est pas cicatrisée.
Même s'il est bridé par le sujet et économe en rebondissements, le film demeure très fort, surtout dans son dernier tiers, lorsque Alicia apprend la vérité sur les origines de Gaby. Une scène d'une grande violence entre Alicia qui a tout découvert et son mari éclate alors, elle signera la fin de leur couple.
Le film vaut également le détour pour l'interprétation de son actrice principale, Norma Aleandro, fort convaincante dans le rôle d'une mère brisée (Prix d'interprétation à Cannes en 1985).
Ma note: 7/10