Ce film n’est en rien un biopic sur la vie du célèbre illusionniste éponyme David Copperfield mais une nouvelle adaptation de l’un des romans les plus célèbres de Charles Dickens avec Oliver Twist. Un film de fiction qui narre donc la vie d’un homme dans l’Angleterre victorienne et autour duquel gravite toute une pléiade de personnages de différentes classes sociales, permettant de brosser le portrait d’une époque. Cependant, Armando Iannucci, qui nous avait conquis avec l’étonnante et originale comédie politique « In the Loop » il y a dix ans, s’en détache beaucoup pour se diriger vers une fantaisie beaucoup moins sombre que le roman mais pleine d’inventivité. Un choix qui se défend et qui s’avèere totalement abouti que ce soit visuellement ou narrativement. Mais un choix qui plaira à certains et en laissera d’autres sur le bas-côté, surtout sur la durée.
Dès la première séquence, tout va vite, de l’explosion de couleurs formelles au rythme effréné propre au cinéaste en passant par des échanges verbaux perpétuels. On entre directement dans un univers bigarré et un peu exagéré que ne renierait pas le Terry Gilliam de « Les aventures du baron Münchausen ». C’est plaisant, original et réussi et la direction artistique est bluffante en tous points. Il y a un souci du détail dans les décors, les costumes et les accessoires vraiment frappant. Un véritable régal pour les yeux à chaque instant. Les répliques bien envoyées fusent et les situations iconoclastes et/ou poétiques voire oniriques s’enchainent sans discontinuer. On est client et durant une heure c’est appréciable car plutôt rare aussi bien sur la forme que sur le fond. Et, sans savoir si c’est opportuniste au vu du contexte inclusif actuel ou juste une volonté payante d’innover, le casting mélange toutes les ethnies dans cette Angleterre du passé » Indiens, noirs, asiatiques et blancs se partagent des rôles dévolus à des blancs sans aucune logique (un asiatique a une fille noire par exemple) et se côtoient en toute normalité. Un plaisir certain et jouissif pour le spectateur mais une entorse à la vérité ethnologique historique.
Puis, l’accumulation de personnages pas toujours développées comme il faut associée à une cadence visuelle et narrative confondant vitesse et précipitation nous fait peu à peu décrocher dans la seconde partie. Le film devient lassant, fatigant voire inintéressant. A force de cumuler les enjeux, les personnages et les idées, le film de Iannucci finit par ne plus nous captiver du tout. On se contrefout de ce que deviennent les personnages et, sans s’en rendre compte sur le coup, « La vie de David Copperfield » nous a perdu en route. Pourtant le film fourmille d’idées, notamment visuelles, et la bande d’acteurs est déchaînée mais quand c’est trop… C’est trop. Finalement, on a eu l’impression d’assister à une œuvre différente et totalement tenue mais qui s’apparente à une fête foraine pour les yeux et le cerveau. On peut apprécier du début à la fin mais on peut aussi s’en retrouver plus ou moins vite agacé. Et les folies et facéties de Tilda Swinton ou Ben Wishaw par exemple, tous deux excellents, ne parviennent pas à renverser la vapeur.
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