Le cinéaste écossais Armando Iannucci n'a peur de rien et surtout pas du ridicule. Après s'être moqué de l'URSS dans La mort de Staline, le voici qui s'attaque à un monument de la littérature mondiale, le David Copperfield de Dickens. Une vision très personnelle, qui s'inspire de l' intrigue du roman et recrée tant bien que mal le Londres victorien et qui, pour le reste, s'en remet à la fantaisie la plus débridée, en commençant par mélanger les couleurs de peau des différents protagonistes, de manière assez aléatoire, juste pour choquer les puristes, on ne sait pas trop, à vrai dire. Cela pourrait être amusant, mais le film en rajoute tellement dans le grotesque qu'il se disqualifie lui-même. A trop charger sa barque, le même défaut était évident dans son long-métrage précédent, Iannucci ne parvient jamais à susciter la moindre émotion, comme dans un livre d'images que l'on feuillette rapidement sans s'arrêter, sentiment facilité par le rythme trépidant du film. On est forcément obligé de penser à Terry Gilliam mais hélas il n',y a pas une once de poésie dans L'histoire personnelle de David Copperfield, aussi bourratif et étouffe-chrétien qu'un pudding pas frais. Soumis à l'hystérie ambiante, Dev Patel, Hugh Laurie et Tilda Swinton font admirer leur propension à surjouer, avec un certain talent, d'ailleurs. Un film à oublier, en regardant de nouveau le David Copperfield de George Cukor (1935), plus sage et fidèle au génie de Dickens, ou encore mieux, en relisant ce chef d’œuvre impérissable.