Si vous voulez lire cette critique, je vous conseille fortement de lire ma critique de L'Histoire sans fin

https://www.senscritique.com/film/l_histoire_sans_fin/critique/280631299

car le film critiqué ci-dessous est la suite de ce dernier.

Et ce n'est pas tout. Cette critique est pleine de spoilers. Avant de la lire, il vaut mieux que vous voyez le film d'abord.

Si le public avait adoré le film L'Histoire sans fin, les fans du livre de Michael Ende avaient été frustrés que seule la première partie du roman avait été adaptée dans le film de Wolfgang Petersen.

Pour tenter de combler ce trou, et également pour des raisons commerciales pas très louables une suite appelée L'Histoire sans fin II fut lancée par le réalisateur George Trumbull Milleret sortit six ans après le premier film.

Alors comment dire?

Quatre mots: presque un bon film.

Pourquoi? Parce qu'il y a de bonnes idées de scénario dans l'oeuvre du réalisateur mais elles sont maladroitement mises en scène.

L'exemple le plus flagrant de ceci est que là où George T Miller aurait pu faire du film une suite directe du long-métrage de Wolfgang Petersen où Bastien est entré dans le monde Fantasia en prenant de nouveaux enfants-acteurs pour jouer Bastien et Atreyu; ben, il ne l'a pas fait.

En effet, le film commence avec Bastien revenu dans le monde réel, monde dans lequel s'est écoulé plusieurs années depuis les évènements du premier film.

Cette fois, le protagoniste est interprété par Jonathan Brandis (doublé par Adrien Antoine), acteur principalement connu pour avoir joué le héros de "Il" est revenu, suite spirituelle de Ca de Stephen King.

_(l'acteur est également connu pour une raison macabre mais on ne va pas en parler ici car ce n'est pas le sujet)_

Chose réjouissante, le réalisateur n'a pas eu recours au white-washing puisque cette fois-ci Atreyu est interprété par Kenny Morrison étant tout sauf blanc (et doublé par Odile Schmitt [oui, la voix française de l'acteur est bien celle d'une femme]). Par contre, il est habillé en amérindien de façon si caricaturale que ça en devient raciste.

Mais avant de parler du film en lui-même, penchons-nous sur son histoire.

Alors que Bastien est revenu dans le monde réel, il va dans la librairie de Koreander, joué à nouveau par Thomas Hill (et doublé Yves Barsacq). Il entends la voix de la jeune Impératrice l'appeler à l'aide à travers le livre L'Histoire sans fin dont les pages deviennent blanches lorsque Bastien ouvre l'ouvrage. Comprenant que quelque chose ne va pas, il reprend le livre, s'y penche et pénètre dans Fantasia où il retrouve Atreyu. Tous deux s'allient pour combattre la sorcière Xayide, forme humaine de l'imagination mourante des humains faisant disparaître les récits du livre L'Histoire sans fin. Forme n'ayant, littéralement, pas de coeur, car personnification du Vide détruisant Fantasia.

Alors que dire?

Pour commencer, ce film a été moins apprécié que l'opus précédent car a été très infantilisé par rapport à ce dernier et, surtout, adapte assez librement la deuxième partie du roman.

Déjà, Xayide qui n'était qu'un personnage secondaire dans l'oeuvre de Michael Ende a été gradée au rang de menace principale. Ce qui donne un côté très disnéen à L'Histoire sans fin II montrant des héros combattant une méchante alors que dans le premier film, le Néant n'avait pas de forme humaine Gmork n'étant que son serviteur et non pas le provocateur dudit Néant contrairement à Xayide qui est la forme humaine définie du Vide lui-même et non pas une servante dudit Vide.

D'ailleurs, pour renforcer le fait que Xayide est le Vide en personne, cette dernière n'a littéralement pas de coeur.

_En fait, Xayide, c'est le vrai premier Sans-Coeur_

De plus, elle n'a même pas de visage: ce qui fait qu'elle doit se servir d'un sortilège pour se donner d'un visage artificiel appuyant davantage le fait qu'elle n'est qu'une entité avec une forme humaine.

Tout au long du film, on sent que l'interprète du personnage, Clarissa Burt (voix française non créditée), s'éclate à jouer la méchante sorcière manipulatrice et perverse de façon jouissive. Ce qui fait qu'elle justifie à elle-seule le visionnage du film.

De plus, alors que Bastien était en retrait par rapport à Atreyu étant le vrai protagoniste dans L'Histoire sans fin, L'Histoire sans fin II fait de Bastien le véritable centre de l'intrigue. Ainsi, on passe un peu plus de temps dans le monde réel afin de renforcer les problèmes du personnage ayant été à peine abordés dans le premier film.

_Petit message que j'adresse à ceux qui disent que Bastien avait réglé ses problèmes de peur dans le premier film et que le fait qu'il ait à nouveau des problèmes de peur dans le deuxième film est incohérent. Ceci est complètement faux. En effet, dans le premier film, Bastien n'a fait que demander à Falcor de le venger des brutes qui le martyrisaient mais n'a eu aucun parcours psychologique lui permettant de vaincre ses peurs lui-même. S'il avait vraiment vaincu ses peurs, il se serait vengé des brutes seul. Il est donc normal qu'il ait encore des problèmes de peur dans le deuxième film._

On y voit les problèmes de Bastien en cours, la difficulté de Bastien à faire le deuil de sa mère (n'étant pas seulement mentionnée puisqu'on la voit dans des flashbacks) et son incapacité à communiquer avec son père, interprété par John Wesley Shipp (doublé par Georges Caudron). De plus, le fait de pénétrer dans le livre lui donne vraiment un côté héroïque qu'il n'avait pas dans le premier film (héroïsme qui va d'ailleurs lui monter à la tête mais ça, on parlera plus bas).

Le père de Bastien lui-même, qui n'était qu'un personnage tertiaire dans le premier film, devient dans le deuxième film un personnage secondaire un peu plus important puisqu'il remplace Bastien dans le rôle du lecteur dans cet opus.

De plus, contrairement à Bastien qui n'avait pas d'évolution dans le premier film, son père, lui, évolue et comprend, en lisant l'aventure en temps réel de son fils, qu'il doit être un meilleur père pour lui.

Autre bonne chose, L'Histoire sans fin II développe une amitié entre Bastien et Atreyu en devenant de vrais compagnons d'aventures avec une complicité authentique.

_Mais pas aussi cryptogay que dans le roman pour autant. Donc si je comprends bien, le premier film fait du white-washing et du fat-shaming et le deuxième est, de façon invisible, homophobe. Deux mots: scanda-leux!_

Mais parlons davantage de Bastien lui-même. Comme dit plus tôt, son rôle de personnage héroïque à Fantasia le rend plus sûr de lui mais l'empli également d'orgueil. En effet, étant donné qu'il a comprit qu'il pouvait être son propre héros, il n'a plus besoin d'Atreyu qui, avant qu'il n'entre dans le livre L'Histoire sans fin, était son modèle et celui qu'il avait toujours rêvé d'être. Ce qui est, dans la théorie, une bonne chose pour la vie de Bastien puisqu'il apprend enfin à avoir confiance en lui mais le film voulant montrer les conséquences de l'orgueil, il devient trop sûr de lui. Cela au point que Xayide, comprenant que Bastien souffre encore de la mort de sa mère, se comporte en mère faussement bienveillante envers lui afin de mieux le piéger.

Ajoutons à cela que Bastien ne se contente pas de se laisser berner puisqu'il est très tenté de devenir méchant durant l'intrigue. C'était inédit de voir un protagoniste être tenté par le "côté obscur" à l'époque donc très surprenant à voir. De plus, Bastien va si loin dans son envie de rejoindre le "côté obscur" qu'il tue Atreyu.

_(alors que dans le livre, il ne l'avait que "gravement blessé")_

On voit ici, à travers la figure maternelle maléfique représentée par Xayide que Bastien doit accepter de faire le deuil de sa mère. De plus, il apprend également que vouloir être courageux ne rend pas courageux pour de vrai et qu'avoir le rôle de héros ne rend pas forcément héroïque.

Tout cela peut rendre le film intéressant à regarder mais, comme dit plus haut, le film est maladroit.

Si le commencement du film dans le monde réel marche plutôt bien, à partir du moment où Bastien entre dans le livre L'Histoire sans fin, la première partie du voyage à Fantasia est assez WTF.

En effet, si on de bonnes scènes d'action, celles-ci sont gâchées par le fait que les ennemis, dit les Géants, ressemblant plus à des sous-mecha qu'on verrait dans des séries japonaises qu'à des créatures dangereuses de Fantasia. Mais bon, quand on sait que ces trucs existent dans le livre...

_(je vous JURE que c'est vrai!)_

...on peut tolérer les présences de ces machins ridicules dans le film adaptant ledit livre.

Ajoutons à cela le fait que, même si ça n'est pas le cas pour toutes, certaines scènes d'action sont dédramatisées par des personnages disant des répliques drôles. On sent ici bien, encore une fois, le côté Disnéen bien présent dans L'Histoire sans fin II.

Or, dans L'Histoire sans fin, les scènes d'action ne bénéficiaient d'aucune dédramatisation et étaient vraiment angoissantes (les seuls passages drôles étant les scènes avec Engywook et Urgl et la fin où Bastien demande à Falcor de le venger des brutes l'ayant martirisés)

De plus, alors que le premier film, chaque fantasien se démarquait les uns les autres, dans le deuxième film, ils sont tous unidimensionnels. Ainsi, adieu l'homme et sa chauve-souris paresseuse, l'homme avec son escargot de course ou encore Engywook et Urgl.

À la place, on a des personnages tertiaires pas marquants. De plus, certains sont un peu ridicules.

Heureusement, Falcor et le Mangeur de Pierres sont de retour; quoiqu'on peut regretter le fait qu'ils ne soient pas doublés par doublé par les mêmes acteurs Georges Aminel ayant laissé sa place à Henri Virlogeux. En ce qui concerne le Mangeur de Pierres, que ce soit, dans le premier ou le deuxième film, ses voix n'ont jamais été créditées.

Par contre, on aurait pu se passer du nouveau personnage le plus niais et le plus inutile du film à savoir Junior, le fils du Mangeur de Pierres qu'on a envie de baffer à chacune de ses apparitions.

Et le personnage le plus énervant du film est Nimbly (homme-oiseau joué par Martin Umbach et doublé par Vincent Violette). Sur le principe, il aurait pu être bon vu que c'est un méchant finissant par avoir une rédemption mais l'acteur est tellement mauvais qu'on ne s'attache pas du tout au personnage. Idem pour la jeune Impératrice interprété par Alexandra Johnes (voix française non-créditée) ne s'impliquant jamais dans son personnage au point de réciter son texte comme une enfant récitant une poésie qu'elle n'a pas comprit en cours et n'exprimant aucune émotion.

_De plus, le fait que son texte soit très niais n'aide pas._

Sans compter le fait que le dragon Smurg est fait d'effets spéciaux en carton faisant qu'il donne tout sauf l'impression d'être réel.

Autre chose faisant grincer des dents, le réalisateur s'est auto-contraint de réutiliser des plans du premier film pour quand Atreyu galope sur Artax lorsqu'il est de dos et/ou de tenter d'assombrir son visage durant les plans de face.

Ceci dit, il n'est qu'à blâmer à moitié pour ceci car Kenny Morrison ne voulait pas galoper à cheval et n'acceptait que d'y aller au trot ou de faire semblant de galoper sur des incrustations.

Néanmoins, il aurait plus intelligent de prendre une doublure pour Kenny Morrison pour les scènes à cheval comme ils l'avaient fait pour Noah Hathaway dans certaines scènes du premier film (parce que oui, Noah Hathaway a quand même fait quelques scènes avec le cheval sans doublure notamment celles des Marécages de la Mélancolie).

Et n'oublions pas la scène consternante des oeufs avec les guerriers-jouets n'étant là que pour vendre des produits dérivés du film au point de mettre les jouets devant la caméra.

Cette scène a beau être très courte: elle n'en est pas moins exaspérante.

De plus, bien que les acteurs se débrouillent globalement bien dans leurs rôles, on a l'impression que le réalisateur ne les dirige pas toujours de la meilleure des façons étant donné qu'il y a des moments où ils ne jouent pas très bien (sans compter le fait que la VF ajoute aux personnages des cris ridicules absolument pas dans la VO notamment dans la scène de la mort d'Atreyu perdant de sa violence et sa dimension tragique) alors que dans d'autres scènes, ils se débrouillent bien. Plus particulièrement Jonathan Brandis et Kenny Morrison faisant le coeur du film.

Autre chose ayant déplu, le fait qu'Atreyu, qui était le vrai héros du premier film, soit un peu plus en retrait par rapport à Bastien dans le deuxième. Il est compréhensible que la chose puisse déplaire mais elle est logique. Le but de L'Histoire sans fin est qu'Atreyu doit faire face au deuil, au désespoir, apprendre à réavoir confiance en lui après une perte chère, garder espoir même dans les situations désespérées; et surtout qu'il ne peut pas toujours se débrouiller seul pour régler des situations graves étant donné que, malgré tous ses efforts et le fait qu'il soit un guerrier, il ne peut sauver la jeune Impératrice lui-même car seul quelqu'un du monde réel pouvait le faire.

De ce fait, dans L'Histoire sans fin II, le parcours psychologique d'Atreyu est fini. Il est donc normal qu'il soit surtout là en tant qu'adjuvant pour Bastien étant devenu le protagoniste devant avoir une évolution psychologique/de personnage dans cet opus.

D'autres n'ont pas apprécié la Cité d'Argent, trop flashy au goût des spectateurs.

Pourtant, il y a de la créativité visuelle dans cette dernière. On dirait une version, ben, argentée de Venise et le décor mélange ville steampunk et lieu merveilleux de façon habile. De plus, derrière cette apparence censée être idyllique, la Cité est entourée d'un lac d'acide très dangereux pouvant tuer en un coup. Et comme beaucoup de ses habitants se déplacent en bateau, il y a de quoi être terrifié.

La seule chose à réellement reprocher à la Cité d'Argent, ce sont ses habitants ne se déplaçant pas du tout de manière naturelle prouvant que le réalisateur n'a pas choisi les meilleurs figurants du monde.

En ce qui concerne les autres décors, le Château d'Horok de Xayide en forme de main obscure géante n'est pas seulement inquiétante mais également terrifiante car des rayons lumineux sortent des doigts. Rayons en question pouvant tuer dans d'atroces souffrances.

D'ailleurs, puisqu'on revient aux points positifs, une fois que les Géants sont laissés de côté et que l'on se centre sur Bastien et Xayide durant la deuxième partie du voyage à Fantasia, on voyage enfin dans des forêts isolées.

Il y a également des scènes dans des lieux rocailleux isolés ou une scène se déroulant dans les "Eaux Tourbillonnantes" où Bastien pourrait mourir noyé.

De plus, même avant cela, le lieu où se trouvait le Mangeur de Pierres avait également un côté paysage isolé.

Quant au Château d'Horok situé au milieu de nulle part, même si les adversaires ont des apparences assez ridicules, ils n'en sont pas moins montrés comme une menace dangereuses et meurtrière à laquelle nous ne voudrions pas faire face sous peine d'y passer.

Mais la meilleure qualité du film est sûrement la suivante: alors qu'il n'était qu'une sorte d'objet porte-bonheur dans le premier film, dans le deuxième film, l'Auryn a un vrai rôle. En effet, il devient un objet permettant d'accomplir des voeux. Mais loin d'être des voeux réellement bénéfiques, chaque voeu fait perdre un souvenir à Bastien permettant ainsi à Xayide d'affaiblir son esprit pour mieux le vaincre.

Comme dirait Bastien

C'est angoissant.

Avant de conclure, parlons de la musique. Celle-ci est composée par Robet Folk. Certes, elle est LOIN d'être aussi mémorable que celle de Klaus Doldinger. Néanmoins, elle est plutôt jolie et a un thème principal agréable à entendre.

Par contre, on aurait pu se passer du retour de Giorgio Moroder. En effet, ce dernier a tenté de faire une chanson culte comme il l'a fait pour le premier film mais le résultat se révèle être fade et oubliable.

Bref, L'Histoire sans fin II a été créé avec de bonnes intentions et a de très bonnes idées de scénario mais malheureusement, tout ceci est gâché par des maladresses de réalisation, choix de castings et direction d'acteurs empêchant le film d'être réellement bien. Quel dommage car il est juste sympathique sans plus alors qu'il aurait pu être bien mieux.

C'est triste mais, heureusement, le film, sans être extra, n'est pas catastrophique et fait passer un bon moment.

Créée

le 29 févr. 2024

Modifiée

le 1 mars 2024

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