L'homme à la caméra est une tentative de cinéma "pur", du cinéma libéré des autres formes d'expression comme la littérature ou le théâtre. Donc pas d'histoire, pas de dialogues, pas d'acteurs, pas de décors... mais bordel il reste quoi du coup ?
Il reste donc une multitude d'images d'Odessa et ses habitants, sans non plus qu'on tombe dans le documentaire, une ville qui fourmille, qui palpite, qui vit quoi... des habitants qui te touchent, par leurs regards, leur gêne ou leur sourire.
Il reste plein d'expérimentations visuelles pertinentes, dans le cadrage, la superposition de plans, etc. Il reste le génie du montage, une impeccable utilisation de la musique, tout ça faisant une succession d'images folle, pleine d'énergie, jamais ennuyeuse. Il y a toujours un truc pour attirer ton regard, t'amuser ou t'interpeller.
Il reste aussi un des premiers "méta-films" de l'histoire, puisqu'il montre son propre tournage, son propre montage et même sa propre projection, le film dans le film étant le film lui-même. Si ça c'est pas méta, mec...
Bref je ne sais pas si l'objectif de "langage cinématographique absolu et universel" est atteint, mais Dziga Vertov livre en tout cas un film-manifeste vivant, moderne et captivant.