On ne le dira jamais assez mais Marlon Brando était immense, l'un des tous meilleurs acteurs de sa génération, et pas seulement, capable, dans ses jeunes années surtout, de faire preuve d'un magnétisme, d'un charisme et d'une présence tout simplement hors norme.
Rarement, pour ne pas dire jamais, je n'ai réussi à retrouver ces aspects-là, de manière aussi aboutie, chez d'autres comédiens.
Alors oui, il a fait des films meilleurs que L'Homme à la Peau de Serpent mais ce dernier se révèle tout de même plutôt réussi, où l'on voit des femmes tomber sous le charme de Brando. Ce dernier se glisse parfaitement dans la peau d'un vagabond musicien qui va tenter de fuir son passé tout en s'intégrant dans une nouvelle ville. Il est d'ailleurs bien entouré, que ce soit au niveau des personnages qui sont intéressants ainsi que des interprètes, notamment Anna Magnani et Joanne Woodward, soit madame Paul Newman hors des projecteurs.
Pour son quatrième film, Lumet adapte, avec l'aide de celui-ci, Tennessee Williams, qui fournit l'oeuvre de base Orpheus Descending et en co-écrit le scénario. Sans que ce soit transcendant, on ressent tout de même la tension et l'atmosphère étouffante que l'on retrouve dans les autres œuvres adaptées de l'écrivain américain (Un Tramway nommé Désir notamment). Comme il le fera régulièrement dans sa carrière, Lumet fait de la justice le point central du film, que ce soit celle faite par les lois comme lors de l'introduction, ou celle des citoyens que subira Brando tout le long de l'oeuvre.
Tout n'est pas parfait, comme le final, mais aussi quelques dialogues et un ensemble parfois un peu lourd, et trop bavard. Néanmoins, ça reste efficace, Lumet usant d'un véritable savoir-faire et sachant faire confiance à Brando pour porter le film sur ses épaules. De plus, il bénéficie d'une très belle photographie en noir et blanc, tandis qu'il arrive quand même, à rendre l'évolution des personnages intéressante et même parfois, fascinante.
Loin d'être une oeuvre marquante de Sidney Lumet ou Marlon Brando, L'Homme à la Peau de Serpent dégage tout de même un léger sentiment de fascination, avec un comédien magnétique ainsi qu'une certaine maîtrise de la part du metteur en scène de 12 Hommes en Colère.
Enfin Marlon Brando... il n'y a même plus de mots pour décrire à quel point il impressionne, et comment chacune de ses apparitions en est fascinante, magnétique et d'une rare puissance.