Le nom de ce film ne vous dit probablement rien, enfin, peut-être, si vous êtes sur cette page. En tout cas, c’était mon cas avant que je le découvre dans un top 100 des meilleurs films de science-fiction trouvé sur le net. Bien sûr, il comprenait de très grands classiques, mais aussi des films plus méconnus comme cet Homme au complet blanc, qui méritait très probablement d’être visionné ainsi que d’avoir un petit aparté à son sujet ici.
L’invention et l’innovation ont toujours été des enjeux majeurs dans l’histoire de l’humanité. Repousser les limites, les explorer, changer le monde… Ces volontés ont poussé divers inventeurs à bouleverser notre quotidien et, parfois, toucher des générations venues au monde des siècles plus tard. Evidemment, si les inventions nécessitent des idées brillantes pour les concevoir, elles ont également besoin de personnes fortunées et influentes pour pouvoir les diffuser. C’est ici que se situe la problématique principale de L’Homme au complet blanc, qui confronte la découverte révolutionnaire d’un petit ingénieur dans le textile, qui va alarmer les grands magnats de l’industrie qui y voient une véritable menace. En effet, Sidney, le héros du film, est parvenu à synthétiser une matière qui ne peut être trouée ni tachée.
Fatalement, l’idée que tout le monde puisse porter des vêtements inusables est inenvisageable aux yeux de grands industriels voulant servir une société basée sur la consommation. Ainsi, tout le déroulé de l’intrigue permet de mettre en lumière les intérêts de diverses strates de la société et, au-delà d’un esprit de confrontation, d’y voir, sur certains éléments, des points de convergence. Car si la problématique majeure du film est de montrer que le monde moderne se base sur un système qui emprisonne la société et transforme l’innovation en un danger plus qu’en un facteur d’opportunités, le film évite le piège du manichéisme. En effet, les grands industriels se présentent certes comme les grands antagonistes du héros, mais la peur des « petites mains » de perdre leur travail à cause de cette nouvelle matière les mène également à la condamner et à tout faire pour que celle-ci ne soit pas industrialisée. Par conséquent, on se retrouve confronté à une situation du serpent qui se mord la queue, où il semble ne pas y avoir d’issue à cause du fait que toutes les parties prenantes de l’histoire sont menottées par leurs propres intérêts.
On constate alors que l’innovation, si elle est inhérente à l’humain, qui est dans une perpétuelle quête de progrès, est entravée par la société et le système mis en place dans le monde moderne. Le héros, quant à lui, agit comme une sorte d’électron libre, allant d’entreprise en entreprise, devant sans cesse fuir pour sauver son invention. L’aspect blanc immaculé et brillant de sa tenue lui confère également une forme presque angélique, un peu comme si son invention était un miracle tombé du ciel, mais qu’il avait atterri droit en Enfer. Mais, en définitive, le film s’articule autour d’une vaste impasse, car si le vêtement parfait venait à être commercialisé, cela induirait des pertes d’argent pour les industriels, moins de production donc moins d’argent pour les ouvriers, et, finalement, moins d’argent pour l’ingénieur qui travaille pour l’entreprise.
Ainsi, L’Homme au complet blanc s’avère être une comédie très ironique et cynique, présentant les effets néfastes que peut avoir l’industrie sur la capacité à innover, mais également les risques pour les ouvriers qui travaillent tous les jours pour produire. C’est également une dénonciation intelligente de l’obsolescence programmée, un film qui voit vers le futur, et ne se contentant pas d’un jeu opposant gentils et méchants, mais pesant bien le pour et le contre pour s’avérer finalement neutre et objectif, dénonçant surtout tout un système tout-puissant et plein d’entraves. Une belle découverte que je vous invite également à faire.