C'est le titre original du film de Dmytryk ; c'est le nom de la petite ville, quelque part dans l'Ouest, où se passe l'action. Evidemment le titre français est bien plus accrocheur au point qu'on se demande pendant tout le film : mais où sont ces fameux colts ? Pour ne découvrir quasiment dans la dernière scène que les fameux colts n'ont que la crosse qui est dorée : remboursez !
En plus, Warlock est une ville minière où on n'extraie même pas d'or, juste de l'argent !
Dmytryk a concocté un western de 2 heures en scope avec de belles images et un superbe casting. On n'est plus tout-à-fait dans la série B.
Mais parlons d'abord du scénario qui est relativement complexe pour le genre. On part d'une situation largement abordée dans le western qui est une ville mise en coupe réglée par des bandits, où les shérifs se font dessouder les uns après les autres et où les gens en ont marre mais n'ont pas envie de se mouiller. Classique. On fait alors appel à un Marshall (en CDD) qui aura pour mission de "purger" la ville des éléments indésirables. Un Marshall qui est La loi. Sa loi. Classique.
Là où on sort du scénario habituel, c'est à cause de deux choses.
D'abord, le passé sulfureux du Marshall, Clay Blaisdell (Henry Fonda) accompagné d'un ami, Morgan (Anthony Quinn) (qui s'occupe des tireurs dans le dos) dont on découvre, peu à peu, un passé encore plus sulfureux et une motivation pas si claire.
Et puis ensuite, un ex-membre de la bande hors-la-loi, Johnny Gannon (Richard Widmark), bourrelé de remords, se propose d'être le shérif de Warlock pour être le garant de la justice face à la fois au Marshall et à la bande de hors-la -loi dont il est issu.
C'est donc un western avec trois grosses pointures. Mais c'est compter sans l'arrivée de Lily, une ex-femme de saloon, ex-maîtresse de Morgan qu'elle hait et méprise. Elle arrive ici pour se venger de l'assassinat de son fiancé par Clay Blaisdell dans un temps ancien. Il s'agit de Dorothy Malone qui fait une quatrième pointure dans ce western qui se complexifie singulièrement et dont on se demande bien comment cela peut se terminer.
Ce qui est franchement intéressant, c'est l'absence de manichéisme de la part de Dmytryk. Il n'y a pas vraiment de bons et pas vraiment de méchants (à part les hors-la loi qu'on ne voit finalement pas tant que ça), pas vraiment non plus de héros. Henry Fonda ne cache pas à ses nouveaux employeurs (le comité des citoyens) l'ambiguïté de son job qui "est peut-être pire que le mal". Anthony Quinn est l'ami fidèle mais on découvre que sa fonction de protection cache un intérêt personnel peu avouable. Widmark parait être un homme idéaliste et courageux mais il est rongé par un passé de meurtres et de pillage. Même Dorothy Malone est un personnage finalement assez complexe et très intéressant dans sa relation amour/haine avec Quinn.
On retrouve bien sûr ici la réflexion devenue assez habituelle sur l'ordre, la loi et la justice. Mais aussi sur le comportement et la lâcheté de la foule. En particulier, on retrouve, évidemment, Fonda, pour faire cesser un lynchage.
A côté de toutes les belles choses à l'actif de ce film, on peut regretter que le personnage de Jessie (Dolores Michaels), intéressant au départ, perde rapidement en saveur au point même d'être (presque) ridicule dans l'espèce de romance avec Henry Fonda.
Il en est de même de la scène un peu artificielle où Widmark va se jeter dans la gueule du loup en allant retrouver ses anciens affidés.
Une scène qui m'a paru aussi assez maladroite, c'est la scène où Morgan (Quinn), complètement ivre, part sous les huées de la foule … Seul le visage silencieux et triste de Dorothy Malone est à retenir et sauve la scène.
Au final, c'est un western assez sombre où dominent quatre acteurs aux personnages complexes mais émouvants sur fond de réflexion sur la justice et la loi.