Film tiré de l’histoire vraie de Francisco Paesa, espion et financier espagnol, qui dans les années 80, aida son pays à dénoyauter ETA et à tirer son gouvernement d’affaires financières compromettantes, mais qui, soudain trop gênant, fut récompensé en étant écarté et spolié de tous ses biens. Quand Luis Roldàn, l’ancien patron corrompu de la Guardia Civil, lui demande son aide pour fuir avec une véritable fortune de malversations, il voit une occasion de se venger tout en récupérant sa vie, sa femme et son argent.
Ce thriller d’espionnage espagnol se sert de ce socle authentique pour romancer l’incroyable et machiavélique plan relativement improvisé de ce stratège qui s’étala de 1988 à 1995. L’égocentrisme du personnage le rend évidemment antipathique, mais on peut lui accorder la qualité d’en avoir là où il faut et surtout d’incarner une sorte de Robin des Bois actuel en se servant dans la panier de la pourriture de notre société. Jonglant ainsi entre l’organisation de la planque de son protégé, le fuyard le plus recherché d’Espagne, la gestion d’argent sale transitant entre les banques de Paris, Rome, Singapour, Genève et Londres, manipulant aussi bien son client, les polices et les médias du monde, valsant avec son ambitieux gouvernement ainsi que son opposition, exploitant ses complices et jouant même de ses amitiés, le film raconte une bluffante et jubilatoire barbouzerie politico-financière.
On peut lui reprocher une discontinuité mentale, un rythme intellectuel et une cascade sans pause des événements aux adaptations permanentes. Il y a aussi cette voix off narrative un peu agaçante, adoptant sans arrêt le ton pseudo-dramatique d’un commentaire télé qui exige suspense et attention pour ceux qui ne suivraient pas.