C'est une réussite visuelle : une photographie magnifique de Paul Cotteret, un noir et blanc (beaucoup plus noir que blanc) charbonneux, de belles images (des reflets, ou encore des surcadrages à travers les fenêtres). La recherche sonore, avec les bruits de trains et de bateaux, est intéressante aussi, même si elle est par moment maladroitement envahissante.
Les dialogues sont fins et pétillants (je n'en attendais pas moins d'Exbrayat), délicieusement déclamés par Suzy Prim ou Jules Berry.
Mais ceux-ci s'insèrent d'autant moins dans le propos moraliste et réactionnaire d'Henri Decoin. Les lourds passages de la Bible récités par la voix off ne cadrent pas avec les dialogues d'Exbrayat. Et la manière dont sont traités les personnages féminins (traités dans tous les sens du terme, car ils sont sans cesse brutalisés verbalement voire injuriés, et sont soit impuissants, soit fourbes, soit les deux) est indigne.
Si vous voulez en lire plus sur le réalisme noir, vous pouvez aller sur mon blog.