L'un des rares avantages de l'adaptation de « L'Homme de Londres » par Bela Tarr fût de me donner envie de découvrir la version d'Henri Decoin, réalisateur « classique » par excellence. Et devinez quoi ? J'ai préféré celle-ci ! Alors c'est sûr qu'il y a moins de plans savants, de « beauté crépusculaire » avec ces plans-séquences d'une rare maîtrise technique, mais niveau plaisir et intérêt pour l'intrigue, c'est le jour et la nuit.
Pourtant c'est exactement la même histoire, mais dans un cas il y a une dynamique, des enjeux humains et financiers éloquents, des personnages forts, des prestations d'acteurs (Fernand Ledoux y est, comme souvent, remarquable) : bref, tout ce qu'il manque cruellement dans la version de 2007, et que Tarr assume probablement sans le moindre mal.
Ainsi, presque tout ce qui m'avait laissé indifférent m'a relativement séduit ici, à l'image d'un dénouement dramatique plus poussé que dans le « remake » et en conséquent beaucoup plus poignant. Il n'est même pas question de parler de grand film, l'œuvre restant sans doute trop classique, trop « propre » pour cela, mais personnellement, je préfère infiniment Georges Simenon adapté comme cela qu'avec cette prétention « auteuriste » amenant irrémédiablement à l'ennui. Appréciable.