Western très psychologisant, on retrouve la patte de son auteur, Delmer Daves, un réalisateur injustement décoté. Car derrière les monstres sacrés que sont Ford, Hawks, Walsh ou Wellmann, Delmer Daves a réussi à imposer dans le carcan hollywoodien une œuvre très personnelle.
En particulier dans le western avec des films aussi majeurs que la Flèche brisée, 3 h 10 pour Yuma, la Dernière Caravane ou l'Or du Hollandais. Entré tardivement en réalisation (39 ans), il a commencé dans l'ombre comme scénariste et dialoguiste.
Un métier qui ne s'est pas perdu, car les dialogues sont un des points forts de l'Homme de nulle part. Et que sont de bons dialogues sans de bons acteurs ? Ça tombe bien l'autre point fort du film est le casting. Glenn Ford, dans le rôle principal, est bluffant de variation et de modération, tant est si bien qu'il remonte dans mon classement imaginaire des acteurs. Rod Steiger (dégueu comme il faut en Sudiste dégénéré), Ernest Borgnine (qui pour une fois ne joue pas une brute sanguinaire et psychotique) ou encore Charles Bronson (qui ne savait pas plus jouer jeune que vieux) sont à l'aube de leur carrière, et c'est touchant.
Le casting féminin est aussi nickel chrome (ça fait un peu Russ Meyer dit comme ça). Felicia Farr est mignonnette en blonde nunuche. Et je ne suis pas loin du coup de foudre pour la brune brûlante Valerie French.
Western très psychologisant disais-je, car plus que raconter l'Ouest (il s'agit d'un western de ranch), Delmer Daves filme les passions humaines (pouvoir, jalousie, cupidité, haine, envie, amour, sexe...). Je veux bien qu'on prenne en otage le western si, et seulement si comme disaient mes profs de maths, le résultat est au rendez-vous.