L’intrigue se situe en 1889 dans le Wyoming. Elle reflète les tensions qui ont existé entre les premiers pionniers qui sont arrivés, qui ont accaparé les terres, sont devenus éleveurs de bétail et qui ont vu d’un mauvais œil les colons arriver après eux et s’installer comme fermiers. Le Homestead Act (1862) prévoyait que tout homme de plus de 21 ans devenait propriétaire de la terre sur laquelle il avait travaillé depuis plus de 5 ans. Ces terres étaient délimitées par des clôtures de fil barbelé. Mais les ranchers n’étaient pas tous prêts à voir les terres réparties entre ces nouveaux venus… Ils estimaient être les légitimes propriétaires des vastes étendues sur lesquelles ils étaient arrivés avant eux.
C’est cette lutte pour le droit à la propriété que nous raconte Shane. Un homme, Joe Starrett s’est établi comme fermier sur un lopin de terre. Il y vit avec sa femme Marian et son petit garçon Joey. Il est soumis à des menaces, comme les autres familles du coin, par Ryker, un rancher arrivé avant eux. Mais Joey est un homme courageux, qui refuse de plier et qui refuse de partir sous la menace. C’est lui qui stimule les autres fermiers et raffermit leur courage quand il flanche. Cependant face à Ryker qui n’hésite pas à employer la force, ces hommes sont en position de faiblesse. C’est alors que débarque un beau jour un cowboy, Shane, venu de nulle part, taciturne et visiblement un as de la gâchette qui a renoncé à en jouer. A la demande de Joey il accepte de rester pour l’aider pour travailler.
Shane est un « joli western », bien sentimental, qui change des westerns habituels plus âpres. Il prend place dans le cadre magnifique des paysages naturels du Wyoming. Mais il n’est pas seulement cela, il nous offre également quelques scènes de bagarre bien musclées, fracassantes et convaincantes avec entre autres, de nombreux coups de poing qui arrivent sur l’objectif de la caméra nous rendant partie prenante de la bagarre ; ou bien un duel qui se déroule dans la gadoue ! Et encore une ultime bagarre à coup de poings que l’on voit à travers les pattes d’un cheval affolé.
Cette histoire est vue à travers les yeux d’un petit garçon blondinet béat d’admiration devant Shane qu’il dévore littéralement des yeux. Il est avide de voir l’issue des confrontations, il observe, il admire. Il s’identifie à son héros, en tirant à tout va avec son pistolet de bois et pourtant il sait mesurer le danger quand il supplie Shane de quitter le saloon où il se trouve seul face à toute une bande : « Shane, come on! There’s too many ». Sa grande crainte ? C’est de voir son héros avoir le dessous, il ne peut pas le supporter ! Sur ces lèvres, « Shane ! » revient comme une incantation. Jusque le soir avant de s’endormir, c’est encore son nom qu’il prononce ! Et c’est probablement lui qui berce ses rêves ! Et pourtant Shane n’est pas le seul héros. Son père ne manie pas le pistolet mais c’est un homme plus que courageux, un homme ordinaire qui lutte pour les siens. On peut espérer que l’enfant apprenne à le voir et à l’admirer aussi !
Shane est à la fois l’histoire d’un pistolero vu à travers les yeux d’un enfant et l’histoire de la lutte d’une poignée de fermiers face à la violence des ranchers. Un western qui a connu un grand succès en son temps et qui fait certainement partie des incontournables du genre malgré sa sentimentalité et sa prévisibilité.