L'Homme du train par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Par une triste soirée d'hiver dans une petite ville de Province, un homme à l'aspect athlétique et au visage fermé descend d'un train avec pour tout bagage un sac de sport.. Il erre dans les rues désertes, rendues un peu plus sinistres par la pluie ,avec pour principale préoccupation de se loger, mais auparavant il entre dans une pharmacie acheter de l'aspirine à l'intérieur du magasin se trouve un autre client, un homme d'un certain âge au regard morne, vêtu de la manière la plus classique qui soit, faisant parti de la catégorie de ces gens "dont on ne dit rien". Cet homme, professeur de français à la retraite, propose au mystérieux arrivant de venir prendre chez lui un verre d'eau.
Les deux hommes vont alors lier connaissance et sympathiser. C'est ainsi que l'ancien professeur apprend que son invité débarque dans la petite ville pour raison "d'affaires". Tous deux vont avoir un idéal auquel ils n'ont pu accéder: vivre la vie de l'autre...


C'est un univers quelque peu sinistre et feutré d'une vaste demeure assez délabrée que Patrice Leconte a choisi pour décrire cette rencontre entre deux êtres que bons nombres de choses, en apparence, opposent dans leurs personnalités et leurs attitudes. L'un est rigide, distingué et lettré maniant à merveille les citations. L'autre est frustre, renfermé et ne s'exprime guère. Leurs seuls points communs sont d'être solitaires avec le regret de n'avoir pas vécu la vie qu'ils auraient souhaitée.
C'est dans les fauteuils d'un vieux salon rétro que les deux hommes vont petit à petit se découvrir un peu mieux, puis se confier totalement et s'apprécier. Manesquier, l'ancien professeur à la vie sans éclats et trop bien réglée, atteint d'un mal incurable, rêve d'actions et d'aventures. Son nouveau compagnon, Milan, est quant à lui las de ces choses et ne rêve que de stabilité, en charentaises devant un feu de cheminée.


Ce face à face est fort bien réalisé et le débat entre ces deux personnages devient une formidable étude de caractères pleine de philosophie mais également empreinte de regrets et de nostalgie, voire d'une certaine détresse.
En effet le scénario est très fort dans sa simplicité et chaque réplique soigneusement étudiée et percutante.
Il nous démontre que ces personnages ne revêtent que des apparences dues aux circonstances de leurs vies. Le message que tous les êtres sont différents mais en fait très proches au plus profond d'eux-mêmes est fort bien transmis par deux comédiens au style diamétralement différent. Jean Rochefort et Johnny Hallyday sont d'une vérité saisissante et captivante. Ils nous font passer la réelle émotion voire le désarroi de deux âmes en peine, prisonnières de la monotonie pour l'un et des caprices de la vie pour l'autre. Ils nous livrent un troublant débat philosophique sur ce que l'on est par rapport à ce que l'on aurait voulu être. Leurs destins seront à l'image de ce qu'auront été leurs vies.


Ce film est beau et émouvant. Il développe un sujet grave et passionnant à savoir que chaque être est susceptible d'avoir des aspirations que les aléas de l'existence et de la société ne lui permettent pas toujours d'atteindre.


Ma note 8/10

Grard-Rocher
8
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le 10 mai 2013

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