Serge Korber ! Je ne connais que deux films de lui "Un idiot à Paris" et "l'homme orchestre". Pour faire le tour du bonhomme, je suis allé consulter Wikipédia et apprends, avec stupeur, qu'il a aussi fait des films porno sous un pseudo (John Thomas) aux titres (intéressants, piquants et charmants) que je ne voudrais occulter pour rien au monde : "l'odyssée de l'extase", "le fourre-tout", "un grand coup dans le pare-choc", "cailles sur canapé" etc … Quand même.
Ah oui, on me rappelle (à l'oreillette) que je dois revenir à "l'homme orchestre".
Ben, c'est simple, le succès des films de Demy a fait des jaloux et la Gaumont veut produire en 1970 une comédie musicale avec De Funès en acteur principal et Serge Korber pour la mise en scène.
Le scénario que je vais rapidement résumer raconte la vie d'une troupe de ballet (avec une ribambelle de petites danseuses toutes très croquantes dans leurs mini-jupes et leurs airs délurés). La troupe est tenue d'une main de fer par le chorégraphe qui n'est autre que notre De Funès national. Interdiction aux jeunes femmes d'approcher l'homme de quelque manière que ce soit sous peine de renvoi. Interdiction de grossir sous peine de faire du vélo (d'appartement) à la place du repas.
On imagine sans difficulté qu'il faudra bien qu'il y ait quelques accrocs à la règle monacale avec un de Funès, évidemment, dans tous ses états.
La mise en scène bien qu'un peu datée (années 70, musique pop, vêtements un peu flashy façon Courrèges, …) conserve toutefois une certaine fraîcheur avec les danses de ces dames, ma foi, très plaisantes à regarder. Les paroles, tendance onomatopées, genre "Piti Piti Pa" répétées à l'infini, ne sont pas à classer dans les chansons à thème ni dans les chansons intellectuelles ni même dans les chansons romantiques mais forcent l'attention soutenue du spectateur (masculin ?) dans la gestuelle de toutes ces belles gambettes…
Un autre intérêt du film, ce sont les superbes lieux de tournage dans l'arrière-pays niçois, à Nice (la promenade des anglais), à Monaco (le port) et surtout à Rome (le forum et divers jardins).
Quant au casting, De Funès est assez surprenant en chef de ballet qui met la main à la pâte et pousse même la chansonnette avec une voix à faire déclencher une pluie intense.
Le propre fils de De Funès, Olivier dont le rôle est d'être le musicien de la troupe et le factotum du papa. Il est irrésistible dans la scène de l'entrainement des danseuses aux techniques de "self defence" où il est la victime expiatoire de ces dames qui se font un malin petit plaisir.
Des danseuses, il n'y en a guère qu'une que je connais un peu, c'est Noelle Adam.
Paul Preboist dans le rôle du directeur de l'hôtel romain, est dérouté par les demandes iconoclastes et extravagantes de son client (De Funès).
Et puis surtout il y a Tiberio Murgia qui est un second rôle très connu plutôt dans des polars avec un physique très particulier, reconnaissable entre mille : petit, des sourcils très fournis et très mobiles, une moustache qui lui donne un faux air de latin lover. Ici, son rôle bref mais efficace est celui d'un père sicilien outragé …
Au final, c'est un film un peu foutraque, pas déplaisant, avec de bons moments où je rigole toujours comme par exemple, le conte du loup et de l'agneau raconté uniquement à travers les mimiques de De Funès devant un auditoire des danseuses médusées et captivées (juste avant d'aller au lit)