L'Homme que j'ai tué par RedacJack
Le film s'ouvre sur un défilé célébrant l'armistice un an après la fin de la première guerre mondiale. Le vacarme du défilé prolonge le vacarme règnant dans l'esprit des blessés de guerre dans un plan à l'humour noir discret. S'en suit une scène dans une église où l'on découvre Paul, un soldat français toujours harcelé par le souvenir du soldat allemand qu'il a assassiné dans les tranchés.
Ne trouvant aucune satisfaction auprès de l'église, Paul entreprend de soulager sa conscience en avouant son crime aux parents de la victime.
Lubitsch fait comme Dostoievski dans Crimes et chatiments et nous fait vivre de l'intérieur les tourments de son personnage principal. Paul ne trouvant plus la force d'avouer son crime prolonge la méprise des parents et de la promise du défunt en se faisant passer pour un ami de ce dernier. On vit le drame de l'intérieur souligné par une mise en scène discrète mais incroyablement intelligente qui nous fait éprouver les mêmes sentiments que Paul. La fin s'avèrera tout aussi intelligente et inattendue. Un drame poignant émaillé d'humour et de légèreté mais surtout de tristesse. Un chef d'oeuvre qui analyse avec force et intelligence le poids de la conscience, le bien et le mal, la nécessité de mentir pour ne pas blesser davantage et surtout les conséquences de la guerre pour les survivants et leurs proches.
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