Pour cymbales, t'as plus rien

Comme tout le monde, j'aime bien Hitchcock, mais je ne fais pas partie de ses plus grands fans : grosso modo, je suis emballé une fois sur deux, et le reste du temps je trouve ses films surestimés, car à mes yeux, une mise en scène de génie ne compensera jamais un scénario faiblard.

Cette fois encore, je suis partagé, il y a beaucoup de bonnes idées, hélas noyées dans un ensemble longuet car guère passionnant. Je veux dire, qui peux croire un seul instant qu'il arrivera malheur au petit garçon?
A partir de là, les enjeux sont assez faibles et le suspense artificiel, par conséquent on ne parvient pas à faire abstraction des invraisemblances du récit, du couple central assez fatigant, et de l'humour vieillot qui désamorce souvent le peu de tension...

"The Man Who Knew Too Much" est la seconde version, 22 ans plus tard, d'un premier film du même nom réalisé par Hitchcock en 1934, transférant notamment le début du récit de Saint-Moritz à Marrakech, entre autres nombreux changements.

Le cinéaste britannique a donc eu largement le temps de perfectionner sa mise en scène, et comme souvent avec Hitch aux manettes, certaines séquences apparaissent tout à fait remarquables, à l'image du fameux concert à l'Albert Hall évidemment, mais aussi de la traversée d'une rue londonienne déserte et effrayante, de l'ouverture sous le soleil du Maroc, etc...

Par ailleurs, si l'humour s'avère inégal à mon goût, j'ai bien aimé le regard sarcastique que pose Hitchcock sur la famille typique américaine et sur les membres d'une paroisse presbytérienne.
On pourra aussi apprécier le choix original de ce trio de méchants sans charisme - compensé par la tronche franchement flippante du tueur à gages.

Et puis quand le Technicolor est de cette qualité - on est dans l'âge d'or des années 50, avec Robert Burks à la photo - la séance ne peut en aucun cas se révéler désagréable.