Réflexion sur l’individualisme, le gout de l’aventure et des grands espaces, sur un mode de vie condamné par le progrès et l’avidité de certains possédants.D’une belle subtilité politique sous son allure simple et linéaire, Kirk Douglas – ici absolument extraordinaire de fougue et de charisme, mélange d’insolence ironique et de tragédie personnelle- comprend la nécessité d’un monde organisé tout en restant au plus profond de lui-même épris d’une liberté qui rend à la nature toute la dimension d’un bien commun de l’humanité.Le ton général, s’il prend le plus souvent celui d’un caractère picaresque et presque joyeux, donne également le la d’un désarroi devant la violence et la force brute, celui de ces premiers entrepreneurs prêts à s’offrir et à se vendre pour assurer leur puissance terrienne et économique, amenant une note de mélancolie devant ce monde des temps primitifs qui commence à vieillir. Passant successivement de la chronique nostalgique à la comédie, passant en revue toutes les facettes du pittoresque et de l’affrontement physique du western classique, dirigeant de manière prodigieuse le mécanique d’ensemble de ses interprètes, Vidor se montre ici un très grand cinéaste.