25 ans et plusieurs tentatives infructueuses ont été la croix de ce film. Il a pris plusieurs visages, plusieurs interprètes et tandem : Jean Rochefort & Johnny Depp, Robert Duvall & Ewan McGregor, Robert Duvall & Owen Wilson, John Hurt & Jack O'Connell, Michael Palin & Adam Driver, jusqu'à tomber dans le tandem actuel Jonathan Pryce & Adam Driver. Un film devenu un mythe vivant au point qu'il a donner naissance à un documentaire culte, Lost In La Mancha que je n'ai pas vu mais qui me parait intéressant. En même temps, j'aime bien ce genre de documentaire. Cette année, Terry Gilliam nous l'a annoncé, le film est fini. Mais comme par hasard, le producteur Paulo Branco (je refuse de créditer ce mec) a fait sa **** et a refusé au film puisse sortir au Festival de Cannes comme film de clôture ! (Ma réaction ici)


Ouais, comme si ce film n'avait pas un karma assez mauvais comme ça, il a fallu qu'un producteur fasse son taf de producteur : faire c*** les cinéphiles ! Ouais ! Et en plus le pauvre Terry a eu un infarctus à cause ça ! Bon au final, le film est sorti pour la cérémonie de clôture et ...soyons honnête, il y a toujours une déception car après toutes ses années, on s'attendait à un chef d'oeuvre. Cela dit, le film est très bon, bien pensé et est un miroir de ce que le réalisateur a subit en réalité.



Une réalisation allant du classique au délirant



Je trouve la réalisation plutôt classique au début va dans le délire à la Terry Gilliam. A savoir, limite entre diégèse du film, et l'aspect imaginaire tellement flou qu'on s'y perd. Et c'est ça que j'aime bien avec le cinéma de Gilliam : on ne sait jamais à quel genre de film on a avoir et dans quel délire il va nous emmener (je n'ose même pas imaginer la tête qu'aurait Watchmen réalisé par lui avec...Robin Williams en Rorschach et Arnold Scharzenneger en Dr Manhattan !!!). Au début, cela commence de manière très classique après on a un aspect conte et délirant propre à Gilliam. Dans la mesure où le film parle aussi de cinéma et de réalisateur, je trouve ça génial. Mieux encore (ou pire selon si on accepte le délire ou non), est le coté méta du film. On ne peut pas ne pas le voir, tant dans la mise en scène, les effets spéciaux, la musique qui fait tout que le film parle de Don Quichotte en même temps qu'il parle du film Don Quichotte que Terry n'a pas su mettre en oeuvre il y a des années. Du cou il est tant de parler des personnages.



Réalisateur visionnaire ou raté ?



Le héro du film est Toby joué par Adam Driver. Je ne sais pas comment est l'acteur dans la série Girls, car mes repères sont les Star Wars, Midnight Special et Silence où il joue des rôle de méchant complexe un peu raté , de scientifique neutre ou de prêtre pragmatique. Là, il joue le rôle d'un réalisateur de publicité très malchanceux qui était plein de rêves quand il avait commencé sa carrière et qui verra ce qu'il a laissé le hanter. Au départ blasé, il sera obligé de gérer les facéties d'un cordonnier qui se prend désormais pour Don Quichotte et ...son ancienne amante Angelica.


En parlant du Don Quichotte en titre. Jonathan Pryce l'interprète très bien. Déjà, son rôle dans G.I Joe 2 était bien fendard, mais là il va vraiment loin ! Il n'a pas la classe d'un Jean Rochefort ou l'aspect vieil homme grand - père marrant d'un John Hurt (et je ne connais pas trop Michael Palin. Même si son rôle dans le récent la Mort de Staline était bien drôle et j'aurai aimé voir le trop rare Robert Duvall), mais là...il est vraiment drôle (bref rien à voir avec son rôle dans Game of Thrones). il est tellement habité par son personnage qu'on croit vraiment qu'il est Don Quichotte. Et le pire est que les événements ne vont pas s'arranger. Et c'est ça qui est bien dans le film. C'est une adaptation du personnage sans pour autant l'être et Jonathan Pryce est génial dans le rôle.


Angelica (Joana Ribeiro qui n'a pas fait grand chose à part quelques séries au Portugal) joue la jeune villageoise qui au départ était une fille plein de rêve mais dont sa vie a été en partie ruiné par Toby, devenant l'épouse d'un odieux financier. Elle en veut énormément à Toby mais éprouve toujours des sentiments pour lui (et elle le fait bien sentir).


En parlant de financier Alexei Miiskin, il est incarné par Jordi Mola que je ne connais que pour son rôle de méchant dans le très mauvais Colombianna , Bad Boys 2 et le mésestimé Au Coeur de l'Océan . Il joue vraiment un riche homme d'affaire qui ne vit que pour divertir. C'est même une interprétation assumé de la royauté et des financier un peu pervers (vu ce qui s'est passé depuis un an au cinéma et pour ce film, il ne faut pas s'étonner qu'une critique directe y voit le jour).


D'autres personnages sont quand même importants. Même si je le trouve anecdotique, le producteur et patron Stellan Skarsgård est un producteur assez lié par Miiskin et qui exerce une autorité limité mais palpable sur Toby. C'est vraiment un personnage très archétypal dans le film. Ah et spoiler : Il bat sa femme (je vous l'ai dit...critique du cinéma et de ses effets pervers).


Sa femme jouée par Olga Kurylenko, dont c'est le 3e film que je vois avec l'actrice en 2 mois ! Donc après la pianiste rebelle et la mère pragmatique, c'est la Olga de Max Payne qu'on retrouve. C'est une actrice un peu séductrice et croqueuse d'homme mais aussi soumise à son mari, mais qui a un fond pas si mauvais mais qu'elle ne le montre pas (en une scène, on remarque qu'elle éprouve un peu de compassion pour Don Quichotte). Je trouve que le film l'exploite plutôt son coté femme volage et actrice un peu enfant gâtée.


Les autres personnages qu'on voit son le Gitan (Oscar Jaenada) qui est un bon running gag, le fermier Sergi Lopez du Labyrinthe de Pan est plutôt drôle, Rossy de Palma est encore une fois caméo et les habitants du village sont plutôt bien exploités.



Mise en abîme au carré



Voilà. Le film est une énorme mise en abîme du réalisateur et de son film. Toby, c'est Terry Gilliam tel qui l'est maintenant. Don Quichotte, c'est à la fois le réalisateur il y a des années et le film à la première tentative. A travers ce film, on ne peut pas ne pas voir en ce film un miroir de ce que le réalisateur a vécu. Avec ses échecs, ses tentatives, les moulins à vent qu'il s'est pris et aussi sa manière à lui de relever. Toby est aussi dans ce cas. En tentant de ramener à la raison Don Quichotte, il verra que le monde est presque aussi déphasé et fou que l'acteur qui l'avait engagé et qu'il avait perdu de vue. Contraint d'accompagner tel Sancho Panza, il verra ce qu'il a malheureusement détruit malgré lui : la santé mentale du cordonnier, la vie de son amour de jeunesse, lui-même en un sens en devenant aussi formaté qu'un yesman. Là où je suis plus critique envers l'histoire est qu'il n'explicite pas vraiment à partir de quel moment tout à basculé pour Toby. On ne sait pas si le premier film était un succès ou un échec (ce n'est pas clair), mais on sait quel conséquence il a eu. Du coup au niveau de l'histoire qui est quand même bien raconté, je suis un peu entre-deux. Cela dit j'aime bien la fin qui est vraiment une fin douce amer mais quand même importante pour Toby.


On ignore si les événements du château aura un impact positif ou négatif sur sa carrière mais il a retrouvé son esprit plein de rêve où il est devenu le Don Quichotte accompagné d'Angelica qui est redevenue sa muse et sa Sancho



Deviendra-t-il aussi culte que Lost In La Mancha ?



Comme tous les fans, je m'attendais à un film aussi bien que les autres productions de Gilliam. J'en ressort avec une semi-déception. Cependant, bien que je doute que ce film sera un chef d'oeuvre, il est quand même un très bon film digne du réalisateur. Et rien que pour ça et les galères qu il a eu, c'est un exploit qu'on a finalement eu un film de ce calibre. Drôle, nihiliste parfois, touchant et bouleversant, l'Homme qui Tua Don Quichotte est une bonne comédie à voir pour ceux qui veulent savoir comment détruire des moulins à vent. Oui, c'est plus simple que les éoliennes...

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le 12 juin 2018

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Neo Cosmic

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