Martin Ritt, première ! Œuvre sociale exaltant l'amitié entre un blanc et un noir, « L'Homme qui tua la peur » n'y va pas toujours avec le dos de la cuillère, mais se regarde néanmoins avec plaisir. Cela s'explique notamment par une relation à laquelle on croit totalement, les deux personnages principaux s'avérant suffisamment intéressants pour que cela fonctionne, d'autant que John Cassavetes, fiévreux à souhait, et Sidney Poitier, dans son registre quasi-habituel, sont impeccables. De plus, le cadre ouvrier est bien rendu, même si le côté pénible et répétitif aurait probablement gagné à être plus exploité.
Reste, donc, un côté trop caricatural incarné par le néanmoins excellent Jack Warden, ainsi que quelques comportements changeant aussi vite que facilement, m'enfin... J'avoue avoir été vraiment sensible à cette histoire traitée avec beaucoup humanité, que ce soit dans les discussions entre les deux hommes ou la relation qu'ils entretiennent avec leurs compagnes respectives. Et le dénouement a beau être édifiant, il est toutefois suffisamment fort et bien filmé pour que ça passe sans souci. Bref, si dans des mains plus habiles (Elia Kazan?) le résultat aurait pu être superbe, pour des débuts derrière la caméra, cela était plutôt prometteur.