Premier western que je regarde depuis un bail, et il ne m'a pas déçu.

Le film est le récit d'un récit, celui d'un sénateur qui à l'occasion de l'enterrement d'un ami, revient sur les lieux qui l'ont fait connaître. D'un classicisme agréable, il nous fait vite oublier qu'on a affaire au western le mieux côté de SC et que c'est un peu pour ça qu'on a voulu le voir...
On découvre ainsi un jeune avocat plein d'idéalisme et de foi dans la justice qui essaie de se fondre dans le quotidien d'une bourgade en butte aux exactions d'un bandit, le dit Liberty Valance. S'étant fait détrousser et violenté à son arrivée, il est vite dans le collimateur de ce-dernier. Le propriétaire d'un ranch du coin va tenter de l'aider, mais tout les oppose : Doniphon n'a lui pas les scrupules d'un homme de loi et tente bien de faire comprendre au jeune avocat que seules les armes serviront.

Stewart, Wayne, chacun semblait être né pour son rôle dans ce film : qui a jamais mieux interprété l'homme ordinaire, tiraillé entre devoir et principes, tourmenté par son impuissance, que le premier ? qui mieux que le second, aurait pu incarner ce type bougon, incapable d'émotion et pourtant plein de fureur rentrée? Ces deux monstres sacrés crèvent l'écran sans que cela en soit intimidant ou pesant. Ils... vivent!

C'est autour des figures de leurs deux personnages que tourne le film, Liberty Valance n'étant somme toute qu'un prétexte, et un stéréotype (d'autres personnages comme le shérif alcoolique sont quelque peu stéréotypés). Le titre annonce d'ailleurs clairement qu'il n'en est pas l'enjeu principal.
Alors l'intrigue d'un village en butte à un bandit peut paraître rabâchée même quand on a vu que deux ou trois westerns dans sa vie, mais c'est là que Ford a l'intelligence d'ajouter une autre problématique : au-delà du cas de Liberty Valance, c'est l'indépendance politique de Shinbone qui est en jeu. Les thématiques du film s'élargissent au fur et à mesure que l'on avance.

La dernière partie du film montre par un flashback qui a vraiment tué Liberty Valance, et nous dévoile la vision de Ford, à la fois si simple et si élégante : les deux personnages-piliers du film représentent chacun la réalité et la légende, chacun une facette des Etats-Unis. Il interroge également l'ambivalence de leur construction : si nous aimons croire à la légende, il y a bien une réalité qui s'en distingue.

L'Homme qui tua Liberty Valance est un film qui nous éclaire comme un tableau de maître.

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le 24 sept. 2013

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Florent

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