1990, Martin Scorsese signe Les affranchis, un film de mafia culte, sombre et drôle en même temps. Un équilibre parfait qui brille par son sens du détail et son authenticité. Ces mafieux étant à la fois terrifiants, impitoyables et incroyablement grotesques (exemple le concept de Jimmy deux fois). Une réussite mémorable truffée de rôles forts (Ray Liota, Joe Pesci, Paul Sorvino) qui le place comme le plus grand film de mafia avec le Parrain.
5 ans avant, John Huston s'essayait lui aussi au film de mafia sous un angle plus comique. Enfin, telle était la volonté affichée. Et le résultat est... étrange. Tout invite à penser qu'on se trouve devant une comédie : le générique et sa musique enjouée, la police d'écriture colorée, Jack Nicholson dans une veste jaune trop grande, doté d'une prothèse dentaire achevant de lui donner un air stupide, et pourtant, au fil des minutes l'histoire se déroule sous nos yeux sans possibilité d'être amusé ni par les dialogues ni par les situations pourtant peu réalistes.
Les mafieux italiens sont joués par les très peu italo-américain William Hickey, et John Randolf. Pas siciliens pour un sous mais de grands cabotins, dont les efforts ne payent pas du tout. Ni flippants, ni effrayants, ces deux débris sembleraient plus à l'aise dans les rôles des vieux du Muppet show qu'en gangsters intraitables.
Charley (Jack Nicholson), porte flingue au sein de la mafia rencontre Irene (Kathleen Turner) à l'occasion d'un mariage, et les deux tombent illico amoureux. Ce qu'il ignore c'est que Irene est également un assassin professionnel très réputé (rien que ça...la suspension consentie de crédulité est mise à rude épreuve). Le couple va devoir surmonter la distance (elle vit à L.A, il est à New-York), et les embûches des contrats mafieux pour vivre leur union sereinement.
Qu'à voulu réaliser Huston ? Surfer sur la mode du Parrain ? Donner un rôle fun à sa fille (qui chopera de manière inexplicable l'Oscar du meilleur second rôle) ? diriger le grand Jack Nicholson - qui est étrangement mauvais pour une fois ? Seule Kathleen Turner et ses dents grises s'en tire une nouvelle fois avec les honneurs malgré son rôle improbable. A défaut d'être crédible en tueuse internationale polonaise elle arrive à imposer sa présence, et c'est sa prestation qu'on garde en mémoire au final.
L'honneur des prizzi ressemble à un film de commande : ni personnel dans le propos, ni vraiment imaginatif dans le domaine comique, c'est un ratage indéniable au regard d'une période riche tant en films de mafieux de qualité que de comédies enlevées.