En 1974 donc il y un demi siècle le personnage campé par Jacques Denis, Ami de Philippe Noiret, poussait ce cri du coeur, des tripes dans ce film de Bertrand Tavernier.
50 ans après on ne peut pas dire que la respiration se fait plus facile dans notre beau pays, et que les raisons de respirer sont de plus en plus difficiles, voir impossibles.
Cette phrase, ces personnages c'est tout le cinéma de Tavernier, une analyse avant tout de ce qu'est l'homme à travers ses failles, ses faiblesses, ses démons.
Inspiré d'un roman de Georges Simenon, L'horloger de Saint Paul est l'histoire d'un brave homme qui vit dans sa ville de Lyon et qui un jour voit les policiers arrivés chez lui pour un histoire de voiture.
Puis le pire se confirme avec la mise en accusation de son fils dans le cadre d'un meurtre d'un monsieur semble t'il, une ordure.
Et voilà tout le film, toute la subtilité de celui-ci, car ici on ne fait pas de suspense inutile, on ne fait pas dans les scènes d'action, non Bertrand Tavernier, va nous narrer le parcours de ce brave homme à travers cette nouvelle dramatique. Et le pire dans tout cela c'est même pas que son fils soit accusé de meurtre, mais bien de la relation, ou de la non relation qu'il découvre au fur et à mesure que l'histoire avance.
Noiret est parfait dans ce rôle d'homme, de père paumé qui accepte le sort de son fils, et qui découvre toutes ses failles.
Sa relation avec le commissaire, qui pourrait être son pire ennemi, est là aussi enclin d'une relation presque parfois amicale, tellement le face à face entre ses deux monstres que ce sont Noiret et Rochefort est tout simplement simple et juste.
L'horloger de Saint Paul c'est aussi la dernière scène de cet homme qui erre dans la ville de Lyon, et on peut se demander s'il erre pour retrouver sa vie, ou pour redécouvrir son fils, malgré une lourde condamnation.
Ce cinéma est un cinéma, lent, mais tellement profond qu'il nous pose encore la même question, pourquoi moi, pourquoi mon fils, pourquoi a-t-il fait cela ?
Nous continuons à chercher nous mêmes nos réponses, en tous les cas Michel Descombes petit Horloger d'un quartier de Lyon n'a toujours pas compris ce qu'il a raté dans l'éducation de son fils.
A revoir aussi pour le plaisir de voir des acteurs, des vrais, des immenses d'une autre époque.
Et pourtant nous continuons à étouffer, à Lyon ou ailleurs !