Qu'il est amusant de constater combien notre propre avis peut diverger des critiques rédigées sur ce site. Certaines personnes usent de la surenchère pour dévaluer un très bon film...
Laissons aux cuistres le besoin de se gaver de contenus avec lesquels ils n'ont aucune affinité et abordons la structure du film, que certains prétendent être comme une tache dans la filmographie de Coppola. L'idéaliste est une adaptation d'un roman de John Grisham. Si Coppola est resté fidèle à l'oeuvre, il faut prendre en compte le rôle de ces personnages dans l'œuvre littéraire.
Je me suis moi aussi interrogé sur la raison de la présence de Mickey Rourke, et la présence de l'arc narratif avec Kelly. Il faut garder cela à l'esprit ; l'écriture d'un roman est un exercice qui diffère de l'écriture d'un scénario en de nombreux points, notamment la pratique en elle-même car le romancier a une approche holistique de son histoire, et le scénariste obéit à des critères d'efficacité plus pragmatiques.
Au visionnage, un spectateur qui apprécie la dramaturgie ne sera pas incommodé par le début sous prétexte qu'il ne rentre pas directement dans l'affaire Great Benefit. On y voit Rudy potasser son examen, il est embauché par un directeur de cabinet d'avocats véreux. Il s'associe ensuite avec Deck (Danny DeVito) et vu qu'il est le seul diplômé des deux, Rudy devient le seul à pouvoir se présenter à la barre. Il n'a plus le soutien financier de Bruiser (M. Rourke) mais cette indépendance et sa conviction lui font endosser à la fois le costume de l'avocat et la cape du héros.
Là où certains ont vu des longueurs, j'ai trouvé cela parfait, voire presque un peu précipité sur la fin. J'aurais aimé en savoir plus sur l'avenir de Rudy et Kelly, comment va rebondir Deck...
Ces sujets méritaient presque un approfondissement, mais si le film avait le potentiel pour durer un peu plus, force est de reconnaître que les ingrédients qui ont fait la recette d'un film de 2h15 ont de quoi satisfaire l'appétit du cinéphile.
En outre, la raison de ce découpage ne visait pas la narration de la vie de Rudy, mais à exposer la figure d'un idéaliste guidé par son humanisme et son intégrité, un héros contemporain qui se bat contre un système aux rouages écrasants et contre la corruption de notre monde moderne.
On a les héros qu'on mérite.