A découvrir dans le désordre les films du prolifique KIM Ki-Duk, il était inévitable d'être un jour déçu : car si "l'île", qui date de 6 ans, avait fait beaucoup parler de lui à sa sortie, il est trop proche formellement de "Printemps, Eté..." ou de "Locataires" - et un peu inférieur à ces deux films - pour que l'on soit aussi enthousiaste que la critique de l'époque. Malgré cette réserve, et une fin magnifique formellement mais un peu trop facilement mystérieuse, "l'île" reste un beau film, avec une mise en scène déjà remarquable dans son traitement du temps (comme suspendu dans cet univers flottant où il n'y a rien à attendre, où la nature même est comme une matière impénétrable et brute), un subtil mélange entre cruauté (même si le cinéma coréen nous a depuis habitué à d'autres excès, les plus sensibles "apprécieront" le symbolisme des hameçons déchirant les chairs !) et humour bringuebalant, et surtout une approche à la fois lucide et subtile des rapports inextricables entre Eros et Thanatos. [Critique écrite en 2007]