Il est difficile de juger de la popularité des Muppets chez nous. La série originale a d'abord été diffusée sur Antenne 2, les films précédents ont eu droit à une sortie dans les salles obscures mais celui-ci est semble-t’il inédit dans nos cinémas. A cette époque, les adorables marionettes n’avaient peut-être plus la cote. Mais peut-être que c’est aussi à cause du fiasco de l’Île aux pirates de Renny Harlinl’année précédente. Il s’agit pourtant, comme son nom l’indique, d’une adaptation du célèbre roman de Robert Louis Stevenson.
Jim Hawkins est un jeune orphelin, recueilli dans une auberge. Un pirate lui remet une carte au trésor avant de mourir. Sur la base de celle-ci, un armateur affrète un navire. Jim Hawkins peut compter sur le capitaine Abraham Smolett, le second et ses amis. Mais il se lie aussi d’amitié avec le cuisinier, Long John Silver. Ce dernier fomente une mutinerie pour s’emparer du trésor.
Et tout ceci avec quelques numéros chantants assez sympathiques, et bien sûr l’univers coloré et bariolé des Muppets. Si les plus fidèles sont bien présents, telle la grenouille Kermit en capitaine craint et redouté alors qu’il est doux, c’est aussi tout une belle troupe de pirates de tissus, de plumes et de poils, crasseux et brigands. Le film dose même l’apparition de ses personnages, Kermit n’apparaissant qu’après une bonne vingtaine, et Peggy seulement vers la fin, mais sa présence relance agréablement l’histoire.
C’est un univers qui prête à sourire, plein de personnages haut en couleurs que les effets spéciaux intègrent bien. Leurs plaisanteries sont parfois enfantines, parfois plus caustiques, comme celles sur le film en cours. Mais les marionnettes ont du mal à laisser de la place aux quelques acteurs présents. Tim Curry, le formidable Tim Curry, incarne Long John Silver mais avec un soin appliqué, lui qu’on aurait aimé voir plus théâtral. Le petit Jim Hawkins est joué par le juvénil Kevin Bishop, qui a une belle voix mais aucune présence à l'image, alors qu'il est au centre du film. Ce dernier peine d’ailleurs à montrer l’ambiguïté du lien entre les deux personnages, pourtant si importante.
C’est d’ailleurs l’écueil de ce film, de rester très superficiel, dans une plaisanterie sans fin et dont on pourra se lasser pour les scènes les moins importantes. Ses acteurs semblent peu ou moins bien inspirés qu’à l’habitude et il manque le vent de l’aventure qui soufflerait de façon plus prononcée sur les voiles. il est distrayant, c’est évident. Les Muppets sont toujours aussi attachants. On sourit. Mais même avec le créateur des Muppets à la barre, même en adaptant un roman d’aventure qui a déjà fait ses preuves, le film manque tout de même d’un peu de sel dans son eau de mer.