私はあなたに私の批判を与える #47
( Oui en fait je n’avais pas d’idée de titre du coup j’ai demandé au chien de mon voisin et c’est ce qu’il m’a répondu)
Dans le paysage cinématographique d’aujourd’hui, les réalisateurs qui arrive à donner à leur métrage une patte artistique forte et reconnaissable entre toutes, sont peu nombreux, et il y a des metteurs en scène tels que Wes Anderson. Des plans soigné, symétrique avec zoom, hyperfocale est un sens du cadrage toujours très propre et des récits aux allures dramatiques mais ponctués d’une jovialité et d’une dose d’humour très raffinée. Des couleurs vives toujours avec une certaine connexion avec le film en question, prenons pour exemple Moonrise Kingdom avec cette couleur jaunâtre un peu vieillotte qui va forcément nous rappeler de vieilles vacances d’été oublié dans un coin de notre tête. Et puis bien entendu il y a le visuel, le meilleur ami de Wes .
Isle of Dogs ne déroge pas à la règle et pour mon quatrième film avec lui, ce dernier se surpasse en tout point. Il y a des films qui vont plus s’accentuer sur le côté auditif comme The Revenant ( pour moi en tout cas ) ressentir la douleur de Leonardo à chaque pas ou geste qu’il fait, entendre les bruits de la nature qu'il l'entoure. Puis nous avons des films du style Wes Anderson où nos yeux sont en plein travail et prennent le temps de se poser pour apprécier. Isle of dogs et épatant visuellement et encore une fois c’est toute la mise en scène, les décors qui font avancer l’histoire autant que les personnages. Je ne saurais comment vous l’expliquez mais c’est comme une montre avec tous ses petits engrenages qui servent à quelque chose et où ils sont en coordination. Je salue le travail minutieux et éprouvant que ça a dû demander, un film d’animation en volume demande beaucoup d’efforts et de concentration et pour ça je te tire mon chapeau Wes. Tout ce qui se passe sous nos yeux paraît crédible tant cette profondeur de champ est saisissante .https://images1.westword.com/imager/u/original/10111582/isle_of_dogs_courtesy_fox_searchlight.jpg Le film touche à un public large où il propose une histoire avec plusieurs niveaux de lecture, une histoire donc, avec beaucoup d'épaisseurs. À travers ce petit film d’animation de moins de 2 h, le réalisateur aborde beaucoup de sujets. Manigances, pouvoir ( des médias notamment) dictature et classe sociale avec Chief qui reste toujours un peu a part des autres puisqu’il s’agit d’un chien errant. Il y a donc vraiment cette séparation et ce n’est que lors d’une scène où les chiens se demandent mutuellement leur plat favori que les autres vont porter de l’intérêt à Chief quand il annoncera ne pas toujours avoir été un Chien errant.
J’aime ce film pour bien des aspects, premièrement il met en scène des animaux <3 ou on remet en cause leur place au sein de la population et c’est d’ailleurs là où j’ai eu comme la nette impression que Wes Anderson a voulu un peu se moquer de nous et de notre rapport avec les médias, on écoute, on croit et on obéit comme... des toutous même si c’est complètement absurde. Évidemment je ne fais pas une généralité et sinon il n’y aurait pas le téméraire et audacieux petit Atari qui donne beaucoup de fil à retordre à ceux qui imposent leur loi. En marge de la société, lui, Watanabe ou encore l’élève pro dogs qui s’élèvent contre cette injustice envers les animaux. Atari et Chief dont la relation est au point mort au début du film sont mes deux personnages préférés de ce long métrage puisqu’ils ont un point en commun et qui pour moi est une grande qualité, ils refusent tous les deux de se plier aux exigences. Ils ne sont les pantins de personne. Le film propose une expérience intéressante même si parfois agaçante, je veux parler évidemment des sous-titres qui pour la plupart du temps ne sont pas toujours présents et force ainsi le spectateur à imaginer les dialogues, personnellement j’ai trouvé ça chouette, ludique et stimulant. D’ailleurs pour un gosse de 10 ans cela peut s’avérer une très belle expérience à fin de faire travailler son imagination.
Ce casting ! XXL des grands noms à l’affiche qui ont décidé de se prêter au jeu pour un résultat satisfaisant grâce à un réalisateur qui a su tirer le meilleur chez ses artistes. Bryan Cranston est la véritable star du film, il reste charismatique en toutes circonstances même à travers le doublage d’un chien. Les dialogues fusent, les reparties sont nombreuses entre les acteurs. Dommage cependant de voir un peu les autres en retrait ou ils auraient mérité plus de consistance à l’écran. Néanmoins c’est du beau boulot et ça fait plaisir de voir que des grands acteurs s’investissent dans des films de ce genre. La musique signée Desplat qui collabore de nouveau avec Wes Anderson donne beaucoup de rythme au film et qui propose ici quelques choses de rafraîchissant et d’envoûtant.
La figure autoritaire a toujours été un élément essentiel et primordial dans la filmographie du Texan ou du moins dans les 4 films que j’ai vu du monsieur. Dans La famille Tenenbaum c’est le personnage de Gene Hackman qui tente de faire asseoir son rôle de chef de maison, le nazisme dans Grand Budapest Hôtel, les parents dans Moonrise Kingdom et ici le maire. On y découvre plusieurs facettes de cette dernière et on se rend compte que pour certains de ses films cette figure n’ait pas si dure notamment quand on arrive au dernier tiers de ses films. Ainsi nous n’avons pas de personnages manichéens (sauf le vieux croque-mort x)) Atari par moments me fait penser à son oncle, froid avec ce regard de feu dans les yeux. En sortant de la salle je n’ai pu m’empêcher de penser brièvement à la B.D. Maus de Art Spiegelman qui raconte l’histoire de la Seconde Guerre mondiale avec des animaux et ou ce comportement humain/animaux est très présent également dans ce film.
C’est beau, poétique, décalé, parfois un tantinet prévisible, cela reste une petite histoire captivante. Wes Anderson fait du cinéma qui lui plaît et qui nous fait plaisir et c’est ça le plus important.