Suite directe de Clans Of Intrigue, Legend Of The Bat reprend une bonne partie de l'équipe gagnante de l'opus précédent. Chor Yuen retrouve les rênes de la mise en scène, Gu Long est à l'histoire (scénarisée par Chun Yue) et Ti Lung ainsi que son comparse Ling Yun endossent les premiers rôles. Une bonne partie du casting du précédent film est aussi présente au générique de celui-ci mais, suite à la HK oblige, dans des rôles totalement différents. Aucune raison de s'en plaindre, il s'agit d'une équipe gagnante !
Gu Long oblige, le scénario de Legend Of The Bat est loin des histoires clichées et simplificatrices que l'on assimile trop facilement aux films d'arts martiaux. Manipulations, traîtrises mais aussi amitié ou amour sincère sont les maîtres mots du récit, le tout pimenté d'inspirations Occidentales surprenantes (Agatha Christie ou L'Espion Qui m'Aimait). Les personnages sont nombreux, parfois trop même (on touche du doigt la difficulté pour un scénariste d'adapter du Gu Long), mais ils sont le moteur essentiel de l'intrigue. Par le biais de costumes, de techniques martiales ou de l'exposé de quelques traits de caractères bien senties, les personnages prennent naturellement vie et ne peuvent que fasciner le spectateur, lui permettant ainsi de plonger pleinement dans l'histoire. Chu Liu Xiang, par exemple, est un héros vertueux et séducteur que le charisme naturel de Ti Lung rend encore plus attachant. Son duo avec Point Rouge, assassin dangereux mais humanisé par son attachement à un code d'honneur strict, était une des grandes forces de Clans Of Intrigue et se voit naturellement et brillamment prolongé dans Legend Of The Bat. D'autres personnages comme le mystérieux « Chauve souris » ou encore le touchant couple Li Yu Han/Liu Wu Mei s'avèrent de belles réussites !
Cependant, Legend Of The Bat présente une structure moins imparable que son premier volet ou encore Killer Clans. Jongler entre ces nombreux personnages n'a rien d'aisé et ils sont parfois parachutés de manière assez abrupte dans le récit (voir le passage sur le bateau). Cette accumulation de personnages, cumulée à la présence de sous intrigues parfois complexes, rend le film par moment difficile à suivre. Heureusement, le sentiment de perdition est à chaque fois temporaire et on finit toujours par retrouver les rails de l'intrigue principale.
Chor Yuen profite de son intrigue alambiquée pour se lâcher visuellement encore davantage que dans Clans Of Intrigue. Ainsi, L'île de la Chauve Souris est un labyrinthe dantesque, superbement mis en valeur par des éclairages baroques qui ne sont pas sans rappeler la marque de fabrique du grand Mario Bava. On a vu pire inspiration ! Les nombreuses séquences maritimes offrent également droit à quelques magnifiques décors (l'île de l'intendant, les deux bateaux), d'autant plus remarquables qu'on sent qu'ils n'ont pas été aisés à mettre en scène (les studios de Clearwater Bay peinent à recréer une mer entière). Le réalisateur est bien assisté par ses deux chorégraphes qui rivalisent de créativité pour donner vie aux nombreuses scènes d'action rythmant le film. La formation des 5 éléments ou le combat final dans l'obscurité sont des séquences alliant chorégraphies travaillées, esthétique et originalité, achevant de faire de Legend Of The Bat un spectacle on ne peut plus recommandable !