Cloudy with a Chance of Meatballs a vraiment été une excellente surprise lors de sa sortie dans les salles, pour moi comme pour beaucoup de monde j’ai l’impression. Son principal tort aura été de sortir au cours d’une année riche en animation de qualité : Up forcément, mais aussi un retour en grâce de DreamWorks avec Monsters vs. Aliens, le bulldozer Coraline, Mary & Max, les japonais Redline et Summer Wars, Fantastic Mr. Fox… Bref, 2009 était un excellent cru, ce qui n’aura pas profité au petit nouveau que j’avais mis de côté avant de le revoir il y a quelques mois et de le trouver absolument brillant, encore plus que lors de mon visionnage initial. Le film était destiné à être un one shot, aucun doute là-dessus, mais le fait est qu’il a aussi rapporté pas mal d’argent donc les chances de voir arriver une suite étaient plus qu’élevées. La preuve.

Pour faire court : oui, Cloudy with a Chance of Meatballs 2 est une suite un brin opportuniste (euphémisme), qui n’apporte rien au matériau initial, et ne cherche même pas à s’en démarquer en proposant des ficelles ou des enjeux différents. En dehors des grandes lignes du scénario, écrites par Lord et Miller (merci), impliquant un retour à Swallow Falls et l’apparition d’une méga-corporation menée par un leader/gourou dont les similarités avec un certains Steve Jobs ne saurait être que complètement fortuites (ah ah), le reste du film se contente d’appliquer la même recette qui a fait le succès de son prédécesseur : personnages hauts en couleurs et gesticulant dans tous les sens, jeux de mots certifiés ’12 ans d’âge mental’, délires et digressions ininterrompus… MAIS il faut admettre que ça n’en fait pas un mauvais film pour autant, juste beaucoup moins inspiré et très scolaire dans son approche de la suite (bigger, better, stronger).

Forcément, il fallait s’y attendre, mais ça n’en reste pas moins légèrement décevant. Le plus gros reproche que je pourrais faire au film est de viser un public avant tout enfantin, alors que justement ce qui avait fait le succès du premier était cette forme totalement régressive de divertissement pour adultes. Il y a une nuance importante entre s’adresser à des adultes attardés et des bambins, et c’est sur ce point que le film rate le coche. Il n’y a pratiquement aucun enjeu scénaristique, le métrage est composé en grande partie de séquences destinées à introduire les animaux/nourritures et à faire des blagues dessus, d’ailleurs les gags sont en grande partie totalement gratuits (oups, je suis tombé, mdr), et évidemment à la fin on nous assène une morale bien lourdingue comme quoi l’amitié c’est vachement trop cool et tout. Les personnages secondaires ne sont plus que des prétextes comiques ; enfin, c’était déjà le cas dans le premier épisode, mais on avait au moins l’occasion de les voir comme autre chose que des faire-valoir pour Flint Lockwood. Du coup, en tant que cinéphile du mauvais côté de la vingtaine, difficile de vraiment rentrer dans le film puisque celui-ci vise un public sans doute 15 ans plus jeune.

Reste que pour un divertissement pour enfants ce n’est pas trop mal, je suppose. L’esthétique est magnifique, ça fourmille de détails et de couleurs qui pètent, les créatures sont très réussies (mention spéciale aux marshmallows mignons tout plein), l’imagerie générale est bien pensée, quoique un peu cliché sur les bords, mais le tout fonctionne extrêmement bien, de plus la 3D est très bien implémentée, suffisamment pour proposer une véritable valeur ajoutée. Les animateurs se font une fois de plus très plaisir en truffant chaque scène de petits délires visuels ou de gags d’arrière-plan que ne renierait pas Don Rosa (le gag du parcmètre reste mon préféré de l’ensemble du film), et même si c’est parfois beaucoup trop exagéré afin de plaire aux enfants on ne peut pas reprocher au long-métrage de manquer de punch et de vivacité à ce sujet. Les compositions de Mark Mothersbaugh sont en demi-teinte, certains moments sont très réussi et d’autres sont tout simplement à côté de la plaque, trop mielleux, trop familiers avec ce que l’on a pu entendre avec les Razmokets, renforçant sans doute cette impression de produit pour gamins.

Par ailleurs le film propose quelques bonnes idées qui ont le mérite d’être bien exploitées (Live Corporation, le délire sur la caféine, les notions d’écosystème…), c’est simplement dommage qu’en dehors de ces quelques timides essais celui-ci ne cherche pas à sortir de l’ombre de son illustre aîné. Même topo pour les personnages, seulement deux nouveaux, aussi réussis soient-il : un antagoniste nécessaire et son sidekick primate pas vraiment bien exploité mais sauvé par la prestation inimitable de Kristen Schaal (Mabeeeeeeel). Les protagonistes peuvent eux compter sur des interprétations vocales une fois encore de haute volée (VO obligatoire pour ce genre de film, que je ne prenne pas l’un de vous à aller le voir en VF, sauf si vous aimez vous faire du mal, auquel cas je viendrai volontiers vous aider), mais comme je le précisais plus haut ils sont dans l’ensemble grandement sous-exploités, en particulier Sam, qui réussit à être à la fois extrêmement mignonne (non, sérieusement, je sais que ce n’est qu’un amas de polygones assemblés par ordinateur, mais cet amas-là possède un charme particulier) et inutile pendant une bonne partie du film. Un beau gâchis.

Cloudy with a Chance of Meatballs 2 n’est pas une production ratée, c’est simplement une suite bien trop facile pour être honnête, et c’est là son principal problème. Je suis prêt à passer l’éponge sur la relative sagesse du film, imputable à l’absence de Lord et Miller aux commandes (se contentant ici de survoler de manière lointaine le projet), mais le fait de viser un public bien plus jeune me fait penser que Cody Cameron et Kris Pearn n’avaient pas forcément en tête le respect du matériau original lors de la création du long-métrage, et c’est vraiment criminel pour le coup. Le film reste appréciable, et propose son lot de bons moments, mais il aurait pu être bien mieux, quel dommage.

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le 12 janv. 2014

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HarmonySly

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