Entre les quatre membres de la famille de paysans qui exploitent un îlot de la mer du Japon : aucun dialogue. Toutes les relations s'enracinent dans l'action. Pourquoi parler ? Chacun connaît son devoir, ses tâches diverses, et les accomplit comme le soleil se lève, éclaire notre terre et se couche.
Le même thème musical accompagne les parents qui transportent l'eau sur leurs épaules, accomplissent divers travaux agricoles, traversent en barque le chenal entre l'îlot et le continent. La musique lancinante exprime cette inlassable répétition des activités. Comme un fleuve musical, le courant de la vie se renouvelle sans cesse, s'adapte aux variations cycliques des saisons.
Ce film me bouleverse. Sa beauté stupéfiante envoûte, nous embarque dans une expérience sensorielle hypnotique.
Chaque jour est une lutte pour la vie, chaque plan s'intègre dans une scène nécessaire comme chaque jour appartient à une saison. En saison sèche l'eau devient une obsession. Il faut sans cesse arroser une terre avide, nourrir les animaux et se nourrir, écraser les grains à la meule...
Le temps est précieux. Les garçons pêchent, aident aux repas, courent sans cesse. On mange, on se lave rapidement. Chaque jour est lourd, fécond d'activités nécessaires. Une erreur coûte cher. Le père punit et récompense. Un jour, la tragédie frappe la famille. Mais la mort ne peut rompre le cercle de la lutte pour la survie. Elle s'oriente sur l'horloge cosmique de la nature, ressemble au mode de vie d'une île grecque ou de l'océan Indien. Le film atteint ainsi à l'universel.