« Les Triplettes de Belleville » n’était pas un coup de chance, mais un coup de génie, comme nous le prouve « L’Illusionniste », deuxième long-métrage animé du talentueux Sylvain Chomet, aussi excellent que le premier, si ce n’est plus, et j’espère que ce ne sera pas le dernier.
Je dois l’avouer, j’ai préféré ce dernier film au premier. J’ai été littéralement happé par l’ambiance rétro et réaliste de l’œuvre. Il m’était impossible de détourner mes yeux de l’écran tellement que les décors et l’animation étaient splendides et je ne voulais pas en louper une miette. Unique et original, ce film est un bijou, une richesse, le summum de cet art…
L’animation est le véritable point fort de l’œuvre, comme dans « Les Triplettes de Belleville », elle possède une identité visuelle qui lui est propre, dans un mélange de mélancolie et de réalisme qui s’allient très bien. Les détails sont légions, et c’est tant mieux, les dessins sont minutieux, chaque plan est comme un tableau, c’est tout simplement magnifique, et je n’ose pas imaginer le temps que cette production a dû prendre aux artistes. Moi-même, je dessine un peu, et je reconnais là un immense travail, rarement égalé dans ce domaine, pas même pas les plus grands studios à la tête du marché.
L’histoire n’est pas en reste, elle est douce-amère, mélangeant du bonheur et de l’amour à la déception et au chagrin. Comment ne pas s’émouvoir devant la vie monotone de ce magicien de seconde zone, malmené par une nouvelle époque dans laquelle il ne trouve plus sa place ? Comment ne pas s’attendrir devant sa générosité et son amitié avec cette jeune femme isolée, qu’il prend sous son aile ? Et enfin, comment ne pas vivre la déception et le chagrin avec lui, lorsqu’il la laisse partir, afin qu’elle vive sa propre vie ? Sans dialogue, le scénario est pourtant d’une grande profondeur. Il parvient l’exploit de nous émouvoir sans grand discours, tout en sobriété et grâce à la poésie des situations et de l’image. De la magie !
Les personnages sont très bien définis, d’ailleurs on arrive à les cerner sans qu’ils aient à se présenter (avec des mots). L’histoire se concentre sur l’évolution de deux protagonistes, et prend le temps pour que l’on s’habitue à eux, et c’est vraiment très agréable.
Un peu contemplatif, diront certains, et je serais d’accord avec eux, même si, pour une fois, cela ne m’a pas beaucoup gêné, tellement que c’était beau et bien fait, tout simplement.
Petit bémol, je ne me souviens pas de la musique, ce qui est un comble pour un film sans dialogue. Soit elle s’effaçait trop au profit de l’intrigue, soit elle est très quelconque, je ne saurais le dire, mais ce qui est certain, c’est qu’elle ne m’a pas marqué.
Je chipote, bien sûr, car le film est splendide dans sa généralité, et je ne saurais trop vous le conseiller.
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