En 1975, libéré après 5 ans de prison alors qu'il devait en purger 30, Carlito se voit une joie de retrouver la liberté, et jure d'éviter désormais le crime, pour pouvoir enfin quitter les rues de New-York. Mais le destin lui tracera une impasse, car on ne quitte pas facilement son univers, surtout quand on est une légende pour tout le monde... 10 ans après "Scarface", Brian De Palma retrouve le film de gangster (et Al Pacino !) mais change de registre. Fini la thématique de l'ascension et de la chute, il est question ici de bilan, de rédemption, et surtout de trahison.
"Carlito's Way" est avant tout un beau film, sombre et touchant, où le protagoniste, incarné par un Al Pacino subtil et très en forme, va (re)vivre une histoire d'amitié et une histoire d'amour, qui vont être entachées de nombreux obstacles. Face à lui, Penelope Ann Miller est sublime en femme objet de son désir et éloignée de son monde, tandis que Sean Penn est allumé en avocat véreux et camé.
Mais "Carlito's Way" nous éblouit sur la forme, avec un Brian De Palma au sommet de son art. Plans tournoyants, steadicam déambulante, vue subjective, plans larges soigneusement découpés, doubles focales : on retrouve presque toutes les techniques du réalisateur, combinées avec brio. Celles-ci offrent un très beau spectacle, mais surtout quelques scènes de suspens incroyables, dont la fameuse poursuite dans la Gare Centrale. Sans oublier la BO de Patrick Doyle, discrète mais aux allures de Bernard Herrmann, période Htchcock. Bien que tièdement accueilli par les critiques et le public à l'époque, "Carlito"s Way" est un film formidable, et l'un des meilleurs De Palma.