Avec ce Bringing Up Baby, Howard Hawks laissait libre cours à ses personnages quitte à les emmener dans les territoires les plus étrangers, et les rencontre les plus animales. Maitrisant déjà admirablement bien le rythme comique, le réalisateur américain ne cesse de filmer les gags à répétition, instaurant avec le magnifique It happened one night (Frank Capra), la screwball comedy.
L'alchimie entre Cary Grant et Katharine Hepburn est délicieuse comme jamais, attachante et les dialogues participent à rendre leur relation tout à fait crédible. Parce qu'Howard Hawks se moque de leur naïveté profonde et leur irresponsabilité, il rend compte qu'en l'état, il vaut parfois mieux être joueur et concevoir la vie telle une grande fête à laquelle se joignent même ceux qui ne sont pas invités. Tel un terrain de comédie, la vie est plus facile à vivre lorsqu'on ne sait pas à quoi s'attendre. Modèle de comédie romantique, Bringing Up Baby brille également par ses symboles sur le couple, puisqu'on l'aura bien compris ici, la camaraderie entre le chien et le guépard, c'est bien celle entre l'homme et la femme, influencées par leurs petites folies respectives. Sans compter les jeux de mots subtils et permettant de se détourner du code HAYS, les dialogues comiques sont à la fois directs, comme souvent dotés d'une double signification (à la connotation évocatrice).
Le montage est d'une fluidité admirable mais ce n'est pas très étonnant au regard de ce que le grand cinéaste réalisera par la suite, en particulier His Girl Friday sorti deux ans plus tard. Péripéties à gogo, interprétations irrésistibles de second degré (Cary Grant jouant le brave homme), le film de Hawks est un bijou de cinéma, particulièrement féministe, à des années lumières de ce qu'il se fait aujourd'hui en la matière.