Monsieur Kopfrkingl est l'employé d'une usine de crémation, et dont on se rend compte que toute sa vie tourne autour de son travail, que d'aucun trouveraient ça pénible, mais que lui prend un grand plaisir à faire, de nettoyer les cadavres, et de les mettre dans le cercueuil avant de les incinérer. Peut avant la Seconde Guerre Mondiale, il rencontre un ami allemand, admirateur du régime nazi, qui lui dit qu'il doit avoir un peu de sang germanique, et que le futur lui donnerait l'occasion exercer encore plus son métier.
L'incinérateur de cadavres est sans nul doute le films le plus connu de Juraj Herz, mais il vaut mieux prévenir que c'est parfois assez difficile à voir. Ne serait-ce que par son sujet, d'une grande noirceur et d'un pessimisme qui va dans le même sens, mais il ne faut pas nier que c'est du grand cinéma. Tout d'abord via ce superbe noir et blanc qui apporte lui aussi son ambiance, mais aussi dans la précision des plans (qui sont parfois filmés au grand angle), où l'acteur Rudolf Hrušínský est présent sans arrêt. Avec son visage rond et placide, il incarne quelque chose de terrifiant, de la force tranquille dans le fait d'accompagner les gens dans leur dernière demeure avec une sorte de jouissance intérieure qui ne fera que s'accentuer au fur et à mesure du récit quand il va comprendre que la probable guerre va lui donner l'occasion d'incinérer encore plus de morts. D'ailleurs, s'il ne parle pas beaucoup, il s'exprime souvent par une voix off elle aussi atonale, presque blanche.
D'une certaine façon, L'incinérateur de cadavres m'a fait le même effet que quand je découvrais American Psycho où la lecture fut difficile car tant de noirceur me donnait envie de prendre une bouffée d'air. Là aussi, l'ambiance est lugubre, ce Kopfrkingl ne donne guère l'occasion de briller, nous sommes constamment entrainés dans la noirceur.
Mais c'est tout de même un très bon film, à ne montrer à n'importe qui, où la beauté formelle est évidente.C'est aussi du à la musique de Zdeněk Liška qui est comme un contraste sur l'horreur qu'on voit.