« Si papa! »

Incompreso nous introduit dans une maison luxueuse avec ses domestiques et son jardin raffiné, mais où il manque le cœur de la maison, la « mamma » qui occupe tous les esprits. Elle est morte quelques jours auparavant. Il reste le père qui est le consul britannique et ses deux fils Andrea et Milo. Les deux gamins sont comme cul et chemise, débordant de vie, d’imagination et casse-cous au possible. Le père est pris par son travail important, il se soucie surtout du plus jeune qui lui paraît plus fragile et sensible et il ne comprend pas son aîné, le croyant insensible. Il manque tragiquement de sens psychologique à son égard.

Cette histoire familiale est racontée du point de vue de l’aîné, Andréa et nous comprenons très vite qu’il est bien différent du regard que son père pose sur lui. Alors qu’il est orphelin de sa mère, il tente de gagner l’estime de son père, son attention mais il se heurte constamment à son incompréhension. Le père ne discerne pas à travers les mots maladroits de son enfant le besoin vital qu’il a de son affection, de sa présence et de sa fierté. Une relation qui se résume à ces simples mots qui achèvent la quasi totalité des dialogues, ou plutôt de l’absence de dialogue, entre le père et le fils « si papa! » sans que jamais à travers ces deux mots le père ne perçoive l’affection et le respect de son enfant. « Si papa ! » : le père a parlé, le fils se tait, fait abstraction de ce qu’il ressent et pense, s’incline devant l’autorité paternelle.

Incompreso nous fait passer, à travers le quotidien simple de cet enfant, des larmes au rire et du rire aux larmes. Avis aux personnes très sensibles ! Elles risquent de verser des torrents de larmes. On a reproché à ce film, à sa sortie, d’être un tire-larmes. C’est vrai, mais ce n’est pas le but. Ce film raconte une histoire qui a des accents d’authenticité, qui parle du problème de communication, qui montre comment un parent peut se tromper lourdement sur son enfant et les conséquences tragiques que cela peut avoir. C’est de la fiction, et pourtant combien de personnes pourront reconnaître leur vécu dans cette histoire ! Combien de parents croient, à tort, connaître leur enfant et les enferment dans une image qui est faussée. C’est aussi un film sur le rapport à la mort, sur le manque de parole autour de cette réalité. Et c’est un film sur la solitude enfantine. Tout cela nous est raconté très simplement, avec sensibilité et l’histoire est crédible grâce au jeu des acteurs aussi bien celui des enfants que des adultes. Incompreso est une petite perle du cinéma italien.