Quand il est sorti en 1992, le film semblait déjà daté et avait rencontré un revers au box-office signe qu'une page était déjà tournée. Alors qu’il a remisé sa plaque de flic et ses rôles de voyous gouailleurs et cascadeurs, Bébel retrouvait Georges Lautner pour tenter d'entretenir la flamme. Au menu, un drame policier où Bébel reprend le rôle tenu par Raimu dans les années 40. Un rôle d’avocat miné par l’alcool après le suicide de sa femme. Alors qu’un crime est commis sous son toit et que sa fille, qui ne lui parle plus, est mêlée à l’affaire, il va reprendre sa robe et, dans le même temps, la vie là où il l’avait à peu près laissée. Le canevas est balisé, les surprises inexistantes et le trait bien épais. Des bouteilles qui traînent partout, le soulard qui épate la galerie en résolvant une intrigue convenue, la fille qui se remet à admirer le père, Georges Lautner récite une partition attendue.
Le résultat n’est pas mauvais mais cela reste très plat. La réalisation est d’une bien triste mollesse, les dialogues rarement percutants et tout se déroule comme dans une série française des années 80. Bavard comme un film de tribunal où seuls les acteurs portent le récit, terriblement statique, le film s’achève par le réveil du grand avocat qui, en trois interrogatoires menés dans le tribunal, met à jour une vérité que beaucoup avait depuis longtemps devinée. C’est d’une maladresse et d’une lourdeur sans nom, un épisode de Perry Mason étant autrement plus palpitant. Bébel, chevelure blanche, lèvres tâchées, traits burinés, cabotine un peu pour enjoliver l'ensemble mais son rôle de composition est trop caricatural pour pouvoir être convenablement défendu.
On est un peu triste de voir Georges Lautner quitter le cinéma par ce film peu inspiré alors que de nombreux éléments auraient pu apporter davantage de corps à l’ensemble. On se consolera cependant avec une belle brochette d’acteurs, dont de nombreuses figures qui ont toujours fait partie de la bande à Bébel. Ils permettent à eux seuls de sauver l’ensemble et d’apprécier ce film pour ce qu’il est : un dernier tour de piste avant de laisser définitivement la place à une autre génération.