En voilà un film singulier!
Du réalisateur Alain Guiraudie, j'avais seulement vu le sympathique et homophile "Roi de l'évasion", assez pour connaître la dimension ouvertement gay de son cinéma. Heureusement d'ailleurs, car de ce côté-là Guiraudie passe la vitesse supérieure, avec scènes explicites à gogo - par exemple une éjaculation filmée en gros plan.
Mais en bon hétéro dans mon genre, on ne peut pas d'un côté s'extasier sur "La vie d'Adèle", et se refermer sur ses préjugés dès qu'il s'agit d'homosexualité masculine...
Sur fond de thriller naturaliste, "L'inconnu du lac" constitue avant tout une réflexion sur le lien entre désir sexuel et pulsion morbide.
Une idée qui peut surprendre, voire choquer, et c'est pour ça qu'il faut voir ce film, à la fois bien construit, et magnifiquement filmé dans des décors naturels magnifiques : jeu sur les lumières naturelles (en fonction du moment de la journée), nature sublimée, travail sur le son (ah, le vent dans les branches qui s'amplifie peu à peu, annonce d'un drame imminent).
Le lac, la plage, les bois, le parking : un schéma immuable et redondant qui rebute un peu, mais qui fait partie intégrante du charme étrange de "L'inconnu du lac", au même titre que son dénouement ambigu et frustrant...
A noter que les comédiens, tous méconnus au moment du tournage, apparaissent très convaincants, à tel point que Pierre Deladonchamp obtiendra le César du meilleur espoir masculin.