Dans l'Italie du XIXe siècle, au sein de la bourgeoisie, un aristocrate fréquente une jeune femme en plus d'être avec son épouse, et ce n'est pas la seule liaison qu'il ait eu. Cependant, lorsque son épouse va avoir une brève aventure, c'est son monde qui va s'écrouler, et il va tout faire pour la récupérer. Sauf qu'elle va dévoiler un terrible secret...
Il est impossible de parler de L'innocent sans évoquer ses conditions de tournage. Au moment de filmer Ludwig, Luchino Visconti a eu une sévère attaque cérébrale qui va le laisser partiellement paralysé, ne pouvant tourner qu'en fauteuil roulant, mais surtout, son état de santé va influer sur ses deux derniers films, qui seront en grande partie en intérieurs, dans des conditions un peu plus modestes que ses grandes fresques. Violence et passion, puis L'innocent, où il voulait retrouver Alain Delon et Romy Schneider.
D'ailleurs, cette ambiance quasi-funèbre se ressent dans cette histoire de tromperie en quelque sorte, où il est surprenant de voir Laura Antonelli, qu'on connait plus pour des comédies coquines, être aussi convaincante en épouse qui cache son jeu, au point de manipuler ce pauvre Giancarlo Giannini. On étouffe un peu devant ces intérieurs incessants, où d'ailleurs le dernier plan sonne comme une libération tragique. Le tout avec une lumière elle aussi crépusculaire, et il sonne comme une fin de règne. Où d'ailleurs, le générique montre une main droite (la seule valide) tourner les pages d'un livre, et c'est celle de Luchino Visconti.
D'ailleurs, celui-ci décèdera lors du montage, laissant en quelque sorte le film inachevé à ses yeux, mais terminé par son assistante. On ne saura jamais vraiment ce que le réalisateur aura pensé de son dernier opus, le 14eme de sa carrière, mais il finit sur un drame d'une grande puissance.