Le combat dans l'île, L'insoumis et Mise à sac : les trois premiers longs-métrages d'Alain Cavalier, dont les deux premiers ont eu maille à partir avec la censure, impressionnent encore aujourd'hui par leur maîtrise. Ils vieillissent moins que bien des œuvres des années 70 et 80, de par leur sécheresse narrative qui s'accompagne d'une sorte de romantisme noir. L'insoumis se déroule à une époque soigneusement évitée par le cinéma français, à savoir les derniers soubresauts de la guerre d'Algérie, marqués par les actions désespérées de l'OAS. Mais le film abandonne vite son aspect politique pour se centrer sur son personnage principal, un déserteur qui a ensuite libéré l'otage qui était sous sa surveillance. Cet homme, à force de mauvais choix, se retrouve au bout de sa route et son parcours final s'apparente à un calvaire, avec la blessure physique qui le fait souffrir autant que celle, psychologique, qui le taraude. L'histoire d'amour qui arrive inopinément n'offre pas le meilleur côté de L'insoumis mais Lea Massari, énigmatique, et Alain Delon, magnétique, dans l'un de ses tout meilleurs rôles, font de ce couple maudit quelque chose d'obscurément beau. Concis et viscéral, ce film, longtemps invisible, a sa place dans les anthologies du cinéma français.