Après son rôle de l'homme sans nom dans les 60's, Clint Eastwood incarne en 1971 un autre personnage qui allait marquer sa carrière au fer rouge : "Dirty Harry", policier expéditif qui tire d'abord et pose des questions ensuite. Chargé d'enquêter sur un tueur qui fait chanter la ville de San Francisco (trame très inspirée du tueur du Zodiac qui rodait à l'époque), l'inspecteur en bavera face à ce dangereux psychopathe.
"Dirty Harry" n'a rien perdu de son efficacité : répliques cinglantes (dont plusieurs deviendront cultes), intrigue originale aux multiples rebondissements, BO discrète mais envoutante de Lalo Schifrin, vision presque documentaire du San Francisco de 1971, scènes d'action percutantes, et surtout des personnages sans concession. Andrew Robinson est glaçant à souhait en grand taré sanguinaire, mais c'est bien sûr Clint Eastwood qui a la vedette, charismatique en policier solitaire, taciturne, réactionnaire, et violent. A l'image du film qui ne fait pas dans la dentelle (morts sanglantes, nudité ordinaire...), ce protagoniste ambigu n'est pas là pour caresser son spectateur dans le sens du poil, et cela fait du bien à voir !
Questionnant la pertinence des lois et des institutions morales mais parfois laxistes ou inefficaces, le film nous interroge également sur les méthodes musclées de son anti-héros, très discutables sur la forme et parfois leur résultats. Une ambiguïté bienvenue, qui amènera plusieurs critiques envers le personnage ou le film, qui seront taxés de fascisme par certains, avant que la suite ne clarifie la posture morale de cette franchise pas comme les autres.