Lucky Star rappelle sans conteste, le film de Murnau, City Girl sorti un an après, à la fois sur le plan thématique, où il sera question de préjugés sociaux sur les handicapés et le genre, que la relation déterminée comme vouée à l'échec par la société toute entière. On pourra tout de même constater que Borzage se perd un peu dans les quelques péripéties moins passionnantes, ou répétitives, même si elles contribuent en fin de compte, à l'atmosphère harmonieuse du long-métrage.
Bien sûr, Janet Gaynor et Charles Farrell que l'on pouvait déjà retrouver dans l'immense Seventh Heaven sont particulièrement impressionnants, leur regard est saisissant et capture parfaitement toute la panoplie d'émotions, subjuguée par la musique. De la fille d'une veuve particulièrement délaissée et salie de parts et d'autres, le sort de la guerre change les circonstances des choses. On lui porte plus attention, et l'invalide de guerre dont elle était tombait amoureuse devient l'isolé, qualifié d'handicapé, celui auquel on ne veut plus parler et rendre visite.
C'est une des réussites majeures du film, qui vaut à elle seule le coût du visionnage, d'une pièce renfermée filmée en plans serrés, deux personnages s'aiment et esquissent leur plus beau sourire. En contradiction, les plans larges couvrant des rues entières, comme Borzage le faisait déjà dans ses précédents films, représentent un monde en constante fluctuation, mais paradoxalement dénué de vie. C'est aussi cela le talent du cinéaste, sublimer le plus simple des quotidiens devant une société d'après-guerre, consommatrice et défaitiste.
Le rêve existe, son cinéma nous le rappelle.