C’est fou le nombre d’expéditions qui ont découvert des dinosaures dans les années 1950, que ce soit sur un continent perdu, sur le monde pétrifié ou ici dans l'Oasis des tempêtes (quelle charmante toponymie). Les reptiles pullulaient à cette époque, au moins dans les films. Cette fois-ci, il s’agit d’un groupe de quatre personnes qui, sur la quête d’une source d’eau chaude en Antarctique en hélicoptère, sont obligés d’atterrir. Ils découvrent une zone reculée avec des créatures qui auraient dû finir en pétrole depuis bien longtemps.
Le film est connu pour ses effets spéciaux à petit budget, ce qui est un peu facile, car il se démène pourtant bien mieux que d’autres représentants. Certes, il s’agit d’un film Universal, et l’argent attendu d’une telle production ne semble pas avoir été mirobolant. Mais ses décors sont crédibles, et certaines astuces fonctionnent. Oui, c’est une solution de facilité que d’incorporer un vrai lézard dans un plan et de faire croire à un dinosaure, mais ici ces représentants sauriens sont assez bien intégrés, dans un rapport d’échelles qui fait illusion. Ce souci de rendre cette aventure crédible se retrouve aussi dans les affrontements avec le T-Rex, dont la dimension est correctement rendue. Ce qui n’est pas le cas de ce grand dinosaure, qui rappellera les vieux Godzilla : quelqu’un est dedans, et cela se voit.
C’est donc un peu réussi, un peu raté, mais éminemment sympathique.
L’histoire en elle-même n’a rien de très originale, mais elle a au moins le mérite de ne pas compter sur le manque d’attention du spectateur. L’expédition est longuement amenée, avec une caution historique et scientifique. Lors de la décision qui va clore leur sort, les alternatives qui pourraient venir de la tête du spectateur sceptique sont écartées : s’ils vont devoir passer par cette zone dangereuse, c’est parce qu’ils n’auront pas d’autres choix, pas (seulement) parce que le scénario le demande. Il est fait en sorte que cette incroyable expédition soit présentée de façon plausible, au moins le nécessaire possible. Et c’est une attention qui se fait rare dans ce genre de films.
Le sous-genre de l’expédition qui découvre un monde préhistorique, s’il existe, ne vole peut-être pas bien haut. Il a généralement mal vieilli, à cause de ses effets spéciaux au minimum. L’effet de surprise, de découverte, d’aventure ne fonctionne généralement plus. L’Oasis des tempêtes semble pourtant avoir résisté au temps qui passe. Il possède son petit capital sympathie, parce qu’il est fait avec un certain sérieux mais aussi parce qu’on discerne bien ses petits défauts. Il devait être un grand film avec plus de moyens avant que le budget soit sabré. Malgré tout loin d’être manchot, il se révèle suffisamment divertissant et convaincant pour qu’on se plaise à suivre comment ces êtres humains vont s’en sortir.