Grosse bisserie sans le sou à la lisière des genres fantastique et SF, "L'Oasis des tempêtes" (The Land Unknown, titre original très générique dans le registre) fait partie de ces films largement désuets qui ont subi de plein fouet l'effet du temps. Une expédition polaire en Antarctique conduit un hélicoptère avec à son bord trois hommes et une femme à s'écraser au fond d'un cratère (???) au sein duquel une couche protectrice générée par la fonte des glaces (???) l'a préservé de toute évolution depuis des millions d'années (à la louche). Bilan, on se retrouve dans un univers en carton de série Z avec une quantité de brume impressionnante pour dissimuler la pauvreté des décors et des dinosaures en caoutchouc.
C'est bien sûr ridicule, mais cette thématique de l'exploration de mondes inconnus fait partie de mes madeleines et de ces faiblesses qui m'empêchent de tout rejeter en bloc. Le fait que ce film soit inspiré de la découverte d'une eau antarctique anormalement chaude en 1947 (à vérifier, pas de source à ce sujet) ajoute un certain charme. Car du charme, il en faut des tonnes pour équilibrer la balance du bon goût, avec des effets spéciaux parmi les pires que compte le genre. La palme revient assurément au pauvre gars dans sa combinaison en plastique de Tyrannosaurus Rex, d'un pathétique assez fantastique, mais on peut également compter sur des plans formés à partir de vrais lézards (des dragons de Komodo en fait, merci gallu) filmés en très gros plans dans des décors appropriés pour les faire passer pour des titans d'une époque antédiluvienne... Il y a aussi des marionnettes plus ou moins mécaniques, dont un dinosaure aquatique plutôt bien foutu et des plantes carnivores assez drôles. Involontairement, bien sûr.
On peut compter sur des répliques démesurément emphatique, du style "Wait till the Antarctic night comes and for nine months the black air hangs round you like a rotten rag and your eyes are blinded from the dark and from your own sweat, and you lose each other - and you're alone - alone. Do you hear me? ...Always alone!" Mais le plus grand symbole de l'époque revient sans doute à la séquence finale qui officialise la relation entre deux personnages à bord du bateau, après de récurrents moments de flirt, mariage et bébé à la clé. Mais bon, le kitsch SF est plutôt agréable : dans le même genre, n'oublions pas que la même année sortait le mètre-étalon "The Giant Claw" réalisé par Fred F. Sears.