Première image, premier plan plutôt, fixe, dans la durée, un homme accroché à la paroi d'une falaise.
Il gratte la roche et emplit son sac à dos d'herbes. On se demande comment il va faire pour se sortir de sa situation instable. C'est d'autant plus surprenant que lorsqu'on le retrouve sur la terre ferme, l'homme est sévèrement handicapé. Il n'a plus l'usage de ses jambes et se déplace en s'aidant de ses mains et de ses bras. Arrivé dans sa maison isolée au milieu d'une plaine en Iran, il retrouve son fils alité, lui-même incapable de bouger. On comprend que les herbes médicinales récoltées l'aident à soigner son fils et qu'il en fait également commerce pour leur survie. Mais le transformateur de la maison tombe en panne. Le premier périple consiste à trouver un téléphone pour joindre le service de l'électricité. Voilà l'homme parti sur la route pour se rendre au village voisin, très éloigné...
Dès lors, il ne sera plus question que d'entraide, de solidarité, d'humanité, d'altruisme et c'est bouleversant tant on a presque du mal à croire que ça puisse exister.
Rapidement, l'électricien se rend sur place, détecte la panne et c'est à son tour d'engager une véritable expédition pour réparer. Mais une pièce manque et les embûches que l'électricien va rencontrer en chemin pour la trouver sont incroyables. Imperturbablement malgré une panne de voiture, une erreur de direction (il ne se rend pas dans le bon village pour trouver la pièce), une chute dans l'eau, il fait des rencontres, aide un aveugle, se fait dépanner par un tracteur puis par un homme qui passait par là, sur son âne. Il prend sur son temps de congé pour continuer à chercher la pièce providentielle et utilise ses propres deniers pour secourir l'homme handicapé et son fils.
Tout en plans fixes, avec un minimum de dialogues, au milieu d'une nature exceptionnelle, le film exige à la fois de s'abandonner et toute l'attention du monde pour vivre cette épopée d'une lenteur exceptionnelle. Comme si le temps là-bas au milieu de ces montagnes balayées par le vent, de ces routes desséchées et parfois d'une plaine verdoyante, n'était pas le même que le nôtre. La patience, la persévérance, la ténacité sont les seuls atouts de ces hommes qui s'entraident sans en faire état, simplement, logiquement. Ils ne demandent rien en retour. Entre l'être et l'avoir ils ont choisi et ils mettent leur humanité au service des autres, des plus démunis qu'eux.
L'acte de générosité que l'électricien accompli déchire le coeur.
Voilà un film rare, exigeant, d'une grande beauté, qui a du coeur, qui ne ressemble à aucun autre par la grande et rare humanité qui l'habite. C'est le 4ème de l'acteur/réalisateur mais le 1er qui arrive en France. Ravie de l'avoir vu.
http://www.surlarouteducinema.com/archive/2023/05/31/l-odeur-du-vent-6445688.html