L'Odyssée de Pi par pierreAfeu
Adaptation d'un roman à succès, récit initiatique qui frôle le merveilleux et s'interroge sur Dieu, s'adressant à tous sans jamais être niais, L'odyssée de Pi remplit parfaitement son contrat de film de Noël.
Dès le générique, on comprend que la 3D ne sera pas de pacotille. Visuellement impressionnant, "beau livre" d'images puisant son inspiration dans la peinture, des tableaux de naufrage du XIXe siècle aux toiles naïves de Rousseau en passant par des nuances symbolistes ou surréalistes, L'odyssée de Pi permet à Ang Lee d'utiliser toutes les ressources d'une palette infinie, pour nous narrer ce conte merveilleux et bien souvent passionnant.
Car l'histoire qu'on nous raconte, cette aventure extraordinaire du jeune Pi, se regarde avec un plaisir constant. La première partie est souvent drôle, la seconde lumineuse, l'ensemble maîtrisé par un réalisateur d'expérience qui choisit une structure classique - mais pas ampoulée - pour nous emporter. L'ironie du romancier l'ayant amené à appeler son héros "Piscine Molitor" et le tigre "Richard Parker", est le gage d'un récit qui ne sombrera jamais dans le ridicule.
Et ce n'est finalement pas rien de nous amener à nous interroger, non pas sur l'existence de Dieu, encore moins sur les religions, mais plutôt sur ce qu'apporte aux hommes la croyance en Dieu. L'épilogue en forme de question (mais le film en donne auparavant la réponse), très habilement amené, ouvre grand les portes de l'imaginaire de chacun, nous rappelant les bienfaits des contes et des récits initiatiques.
Dans ce film maîtrisé de bout en bout, aux effets numériques sidérants (on sursaute aux premiers ébats du tigre dans le canot), drôle et merveilleux, à bien des égards bouleversant, il faut souligner la prestation inoubliable de Suraj Sharma, dont la jeunesse, l'énergie et l'abandon, offrent au personnage de Pi la plus belle représentation qui soit.