L'Odyssée de Pi par Kenan
A ne pas lire si vous n'avez pas vu le film, même si vous n'y apprendrez pas grand chose. Puis, toute façon, personne ne lit ce que j'écris, alors...
Très beau, magnifique, grandiose...d'un point de vue graphique, difficile de ne pas reconnaître L'Odyssée de Pi comme une merveille. Une révolution qui s'appuie principalement sur les différentes lumières données à un environnement toujours identique: La mer, la barque. Un espace réduit et gigantesque à la fois, qui trouve plusieurs formes au cours du récit de Pi. Toujours somptueuses. Mais ce n'est pas cette image qu'a retenue le grand public.
Avant d'arriver sur cette embarcation de fortune, Pi explique à son interlocuteur ce qui a fait son enfance. Une piscine parisienne, Allah, Jésus, la danse, les animaux, Richard Parker, Gérard Depardieu. Une histoire très intéressante, notamment les parties sur la religion, qui sont à la fois une parodie et une éloge de la foi. Mais ce n'est pas cette image qu'a retenue le grand public.
Une autre chose qui m'a marqué dans ce film, c'est ce passage sur une île aux Suricates. Une légende fantastique, au sens propre comme figuré, qui fait au métrage, plus que tout autre moment du film, une fable, une vraie. Blotti entre les suricates, l'image de Pi au-dessus de ce sol fluorescent est ma préférée du film. Mais ce n'est pas cette image qu'a retenue le grand public.
Non, ce qui a intéressé le public, c'est ce duel de longue haleine entre Pi et Richard Parker. Une lutte qui se déroule sur plus de la moitié du film, avec pour seule pause cette escale sur l'île aux Suricates. C'est trop. Car, si dès l'apparition du tigre, on se plaît à le voir tenter d'apprivoiser l'homme, et inversement, j'ai du mal à voir l'intérêt de faire durer cet affrontement si longtemps. Tout simplement parce que, comme le montre Pi lui-même à la fin de son conte, leur relation n'a pas changé depuis qu'il est enfant. Ils sont encore des étrangers l'un pour l'autre. Pi n'est pas devenu son ami. Il n'est pas devenu son ennemi non plus. Ils ont juste cohabité, sans changement, pendant des semaines et des semaines, voire des mois et des mois. Très vite, j'ai donc trouvé cette partie du scénario lassante. Quand les parties avant la tempête qui oblige Pi à se réfugier sur la barque sont grandioses, celles sur cette même barque deviennent vite redondantes. Heureusement, les images, tout simplement superbes, auxquelles on a droit durant ce périple, empêchent de réellement s'ennuyer. Mais cela m'est apparu dès le deuxième visionnage du film, près d'un mois après le premier: Je me laissais déjà. Après la première chance que j'ai laissé à l'Odyssée de Pi, je lui avait donné 9. Après la troisième, récemment, j'avais abaissé sa note d'un point. Aujourd'hui, il faut se rendre à l'évidence. Si je prends du plaisir à repenser au film, je n'ai nullement envie de le revoir. Et je retire encore un point à la note, tant ce film n'est pas fait pour s'inscrire dans mon coeur.