Difficile de savoir à quoi s’attendre avec Ang Lee, réalisateur iconoclaste à la filmographie particulièrement hétérogène. L’éventuel seul fil conducteur entre ses différentes œuvres est la beauté des images qu’il filme. Nous étions donc en droit d’attendre de l’Odyssée de Pi une plastique irréprochable. Celle-ci est au-delà de nos espérances. En effet, ce film délivre les images parmi les plus belles jamais filmés. La technique est impressionnante, voire parfois un peu trop ostentatoire, à la limite du bling-bling, mais mis à part ce petit bémol, quelle claque.
Malheureusement, notre rédaction n’a pas eu l’occasion de le voir dans une salle en 3D mais le potentiel de cette technologie balbutiante semble avoir été, peut-être pour la première fois dans l’histoire du cinéma, utilisé à bon escient. Le film a été pensé en 3D, avec des plans de poissons volants fonçant vers la caméra, des oiseaux gazouillant au plus près du spectateur, des vagues qui donne l’impression de nous engloutir… contrairement à la plupart des œuvres actuelles en 3D, où la technique est simplement calée sur un film réalisé avec les conventions de la 2D.
Outre la qualité graphique du film, le scénario, dont la majeure partie est consacré à un huis-clos entre un tigre et un adolescent sur un canot de sauvetage arrive à nous tenir en haleine, alors que de prime abord, il aurait de quoi découragé le spectateur le plus patient. Le film est d’ailleurs tiré du livre « l’histoire de Pi » de Yann Martel, réputé inadaptable à l’écran. Ang Lee s’en sort superbement bien et tire de cette histoire minimaliste un feu d’artifice visuel impressionnant de virtuosité.